À gauche comme à droite : Pas assez nets pour jouer les "monsieur propre" !01/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1716.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

À gauche comme à droite : Pas assez nets pour jouer les "monsieur propre" !

La question de l'immunité du président de la République agite le monde politicien. Le député socialiste Arnaud Montebourg, qui a joué les francs-tireurs en tentant de réunir les 58 signatures de députés nécessaires pour que la mise en accusation de Chirac devant la Haute Cour de justice puisse être discutée par l'Assemblée, a été désapprouvé par Jospin et le groupe socialiste. Celui-ci va présenter un projet de loi pour faire contre-feu aux initiatives de Montebourg, projet qui permettrait de traduire en justice le chef de l'Etat pour des actes antérieurs à son mandat.

D'un côté, celui de Montebourg et de ceux qui se sont joints à lui, on invoque le souci d'introduire un peu plus de morale dans la vie politique. De l'autre, celui de ceux qui, à droite ou à gauche, sont agacés par l'initiative de Montebourg, on se récrie au nom de la protection nécessaire de la fonction présidentielle. Mais des deux côtés, les comédiens qui nous jouent la farce savent fort bien que les dés sont pipés, puisque le projet de Montebourg ne peut aboutir et que celui du groupe socialiste ne s'appliquera pas à Chirac.

C'est peu dire que les responsables politiques avancent à pas prudents, partagés qu'ils sont entre le désir d'embarrasser leurs adversaires et la crainte des retours de bâton. La gauche comme la droite traînent derrière elles tellement de casseroles ! Si Chirac est ainsi accusé d'être personnellement mêlé à une distribution de pots-de-vin au RPR du temps où il était maire de Paris, l'ancien ministre socialiste des Finances, Dominique Strauss-Kahn, avait "égaré" la cassette vidéo dans laquelle ce trafic était dénoncé. Dans nombre de scandales financiers, on retrouve fraternellement mêlés des politiciens de tout bord : un fils de Mitterrand et Charles Pasqua, par exemple. Ces affaires illustrent les relations étroites entre le monde politique et le monde des affaires.

En fait, pour mettre fin à cette corruption institutionnalisée, il faudrait que s'exerce le contrôle de la population et que celle-ci ait la possibilité de révoquer les hommes politiques qui prétendent parler en son nom. Vis-à-vis d'élus qui pratiquent les détournements de fonds publics, ce serait la moindre des choses.

Mais en plus de ces escroqueries que la loi réprouve, il y en a une autre, courante et générale : l'escroquerie qui consiste à faire des promesses avant d'être élu pour faire le contraire une fois qu'on l'est. Cette immoralité, cette tromperie, la justice ne la sanctionne pas.

Les électeurs, eux, devraient le pouvoir, en révoquant ceux qui les ont trompés.

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