Marks et Spencer : Les salariés manifestent à londres25/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1715.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Marks et Spencer : Les salariés manifestent à londres

Selon les chiffres de la police britannique, ils auront été près de 3 000 à manifester dans les quartiers chics de Londres le 17 mai - 3 000 salariés de Marks & Spencer venus de toute la France, de Belgique, d'Espagne, d'Allemagne et pour quelques-uns d'Irlande, pour exprimer leur colère face à la décision du groupe de supprimer 4 000 emplois dans ses magasins d'Europe continentale.

Les travailleurs de Marks & Spencer n'étaient d'ailleurs pas seuls. D'autres avaient aussi fait le voyage par solidarité - parmi eux une forte délégation de LU-Danone, dont les emplois sont eux aussi menacés par la même logique du profit, ainsi que des salariés du Printemps et de Carrefour pour la France, ou encore des supermarchés Aldi pour la Belgique.

Dans les rangs des manifestants se trouvait aussi une délégation de la Gauche Unifiée Européenne, dont les trois députées européennes de Lutte Ouvrière conduites par notre camarade Arlette Laguiller, à qui plusieurs groupes de manifestants firent un accueil enthousiaste.

En fait cela faisait bien longtemps qu'on n'avait vu de manifestation ouvrière aussi dynamique et haute en couleur dans les rues de Londres. Et si certains badauds plutôt bien mis arboraient un air pincé en affectant de ne rien voir, d'autres, tels les ouvriers de chantiers du bâtiment proches du parcours du cortège, ne cachaient pas leur satisfaction.

Les grands absents de cette manifestation, pourtant, étaient les travailleurs britanniques eux-mêmes. Sans la présence de quelques délégations de sections syndicales "contestataires", telle celle des travailleurs de l'usine automobile de Vauxhall-Luton (qui doit fermer définitivement avant l'été) ou encore celle de la branche commerce du syndicat GMB de Birmingham, formée par quelques travailleuses de Marks & Spencer licenciées l'année dernière, la classe ouvrière britannique aurait été complètement absente. Quant aux rares banderoles syndicales officielles isolées au milieu des cortèges étrangers, elles ne faisaient que souligner le fait que les dirigeants syndicaux britanniques n'avaient rien fait pour mobiliser en vue de cette manifestation, ni même d'ailleurs pour la faire connaître.

Ce qui n'a pas empêché ces mêmes dirigeants syndicaux britanniques de parader devant la presse, avec leurs homologues de la Confédération Européenne des Syndicats et de la CFDT, en s'attribuant le mérite de cette mobilisation, mais en prétendant la mettre au service de leurs propres objectifs - obtenir des gouvernements européens qu'ils fassent une place dans la législation européenne aux appareils syndicaux et au syndicalisme "responsable" (c'est-à-dire responsable du point de vue des intérêts de la bourgeoisie) dont ils se font les promoteurs. Tellement "responsable" d'ailleurs que le simple fait qu'un journaliste ait prononcé le mot - bien bénin pourtant - de boycott, à propos de Marks & Spencer, a immédiatement suscité les dénégations effrayées du leader de la confédération syndicale TUC, John Monks.

La plupart des manifestants, tenus discrètement à l'écart de la conférence de presse organisée par les leaders syndicaux, n'auront sans doute pas entendu leurs discours édifiants. Mais, et c'est la seule chose qui importait vraiment à leurs yeux, ils auront eu la possibilité d'aller crier devant deux des plus grands magasins Marks & Spencer de Londres, dont celui où se trouve le siège du groupe, leur détermination de faire passer les intérêts des travailleurs avant ceux des actionnaires.

Et ils ont raison. Car il n'est pas tolérable qu'un groupe qui annonce près de cinq milliards de bénéfices pour son dernier exercice puisse supprimer un seul emploi en toute impunité.

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