22 mai, 9 juin, et après : Donner un coup d'arrêt à l'offensive patronale25/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1715.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

22 mai, 9 juin, et après : Donner un coup d'arrêt à l'offensive patronale

Au moment où, à l'As semblée nationale, s'ouvrait le débat sur la politique sociale du gouvernement, la journée d'action du 22 mai à l'appel de la CGT offrait aux travailleurs une occasion d'exprimer leur hostilité à la politique patronale.

Il est de l'intérêt de tous les travailleurs que les manifestations et les arrêts de travail proposés aient du succès. Car il est évident que rien ne sortira des débats à l'Assemblée, tout au plus quelques mesures symboliques, emplâtres sur une jambe de bois qui n'empêcheront pas un seul patron de licencier. Les licenciements collectifs, il ne s'agit pas de les réglementer. Il faut les interdire.

Quelle qu'ait été la mobilisation de cette journée, elle ne peut pas, ne doit pas s'arrêter là. Il faut une suite. Le 9 juin aura lieu une autre manifestation à l'appel de syndicats de plusieurs entreprises menacées comme Danone, Marks et Spencer ou AOM, ainsi que d'un certain nombre de partis et d'organisations politiques, dont le PCF et Lutte Ouvrière.

Il est à souhaiter que la direction de la CGT ne considère pas qu'elle aura fait ce qu'elle devait faire le 22 mai. Le 22 mai comme le 9 juin ne pèseront que pour autant qu'ils redonnent confiance et deviennent des étapes d'une mobilisation ouvrière assez forte pour faire vraiment peur au patronat.

Nous ne pouvons plus accepter ces plans sociaux qui tombent comme des couperets et qui font que, du jour au lendemain, après 10, 20 ans de travail ou plus dans une entreprise, on se retrouve à l'ANPE. La variété même des entreprises qui licencient et la diversité des victimes, des ouvriers spécialisés de Moulinex aux pilotes ou au personnel d'encadrement d'AOM-Air Liberté, en passant par les vendeuses de Marks et Spencer, montrent qu'aucun travailleur n'est à l'abri. On est arrivé à une situation où non seulement des entreprises florissantes, encaissant des milliards de profits, licencient quand même, mais elles persistent et signent en affirmant que c'est précisément quand les affaires vont bien qu'il faut licencier !

Ces licenciements concernent d'autant plus tous les travailleurs que la réduction des effectifs d'une entreprise signifie pour ceux qui restent qu'il faut qu'ils fassent le travail de ceux qui partent en plus du leur. Plus de travail pour les uns pendant que les autres sont jetés à la rue : ce n'est pas la conséquence des licenciements, c'est leur raison d'être. Depuis plusieurs années, y compris les années de marasme économique, le patronat parvient à réaliser des profits en croissance. Ces profits viennent de l'exploitation accrue des travailleurs, du blocage des salaires, de la généralisation du travail précaire mal payé, des cadences, de la flexibilité des horaires de travail. Faire faire plus de travail à moins d'ouvriers, plus mal payés, voilà le secret des bénéfices élevés des entreprises, des envolées boursières et de l'enrichissement des actionnaires.

Le patronat impose cette aggravation de la condition ouvrière avec la bénédiction et l'aide des gouvernements successifs, de tous bords politiques.

Il faut arrêter cela. Il faut que les travailleurs retrouvent confiance en eux-mêmes et la conscience qu'ils ont la force d'imposer des mesures qui les protègent, dont l'interdiction des licenciements aux entreprises, à commencer par celles qui font des bénéfices, sous peine de réquisition.

Réquisitionner les entreprises, c'est réquisitionner leurs profits. Cela signifie imposer qu'une partie au moins des profits passés et présents serve à financer le maintien de tous les emplois menacés.

Cela est possible. Mais une journée de grève ou une manifestation, si elles restent sans lendemain, ne suffiront pas pour l'imposer au patronat. Le patronat n'a jamais rien donné aux travailleurs de plein gré. Il faut un nouveau Juin 36, un nouveau Mai 68. Il faut surtout que le patronat craigne des mouvements sociaux amples et incontrôlables, venus de la masse des travailleurs qui en ont assez de payer pour que quelques-uns s'enrichissent. Cela ne se décrète pas mais chaque manifestation, chaque grève réussies doivent devenir autant d'étapes qui y mènent.

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