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Turquie - France : Le Parlement français et le génocide arménien
Le Parlement français a voté le 18 janvier une loi selon laquelle " la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915 ".
Plus d'un million d'Arméniens ont été massacrés durant les années de guerre entre 1915 et 1917 par l'armée de l'Empire ottoman. Mais ce sujet reste tabou pour nombre de dirigeants politiques occidentaux, parce qu'ils ne veulent pas mécontenter le régime turc. C'est d'ailleurs après bien des atermoiements que ce vote du Parlement français a fini par intervenir. Les relations commerciales avec la Turquie, dont la France est un des principaux partenaires, incitent traditionnellement les dirigeants français à se montrer discrets, sur ce sujet comme sur celui du Kurdistan et de la guerre menée dans cette région par le régime d'Ankara.
Ce vote à quelques semaines des élections municipales en France n'est sans doute pas dû au hasard. Le vote arménien peut jouer un rôle dans certaines villes comme Lyon et Marseille, mais aussi dans nombre de villes de moyenne importance. A tant faire de s'attirer des remontrances de la part de la Turquie, autant le faire à un moment où cela peut être payant en termes de votes, semblent avoir pensé quelques députés.
Côté turc, la presse et le régime n'ont pas manqué de monter sur leurs grands chevaux nationalistes et d'invoquer " la trahison de la France ". Certains remarquent même qu'avant de donner des leçons à la Turquie il serait temps que les dirigeants français reconnaissent leurs responsabilités dans les massacres commis au Rwanda ou durant la guerre d'Algérie...
Le gouvernement turc a annoncé qu'après cette " trahison " un certain nombre de contrats commerciaux conclus avec la France seraient revus, notamment des contrats de fourniture de matériels militaires.
On verra ce qu'il en sera. Ainsi donc le gouvernement français n'aurait pas été gêné, au moment même où le Parlement votait la reconnaissance d'un génocide vieux de 85 ans, de continuer à vendre à la Turquie du matériel militaire lui permettant d'en faire un nouveau au Kurdistan.