Un an de CMU : Une couverture pas vraiment universelle05/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1695.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Un an de CMU : Une couverture pas vraiment universelle

C'est en janvier 2000 qu'entrait en application la Couverture maladie universelle, la CMU, présentée alors comme la grande mesure sociale du gouvernement. Mais, un an plus tard, force est de constater qu'il y a loin de la réalité au droit pour tous de se soigner comme il le faudrait.

La mise en place de la CMU a incontestablement amélioré l'accès aux soins d'une partie des personnes les plus démunies. Elle a substitué à un ensemble complexe de prises en charge relevant de la Sécurité sociale, des Caisses d'allocations familiales ou des services départementaux d'aide médicale, un système unifié qui touche aujourd'hui 4,8 millions d'affiliés.

Cette réforme donne, d'une part, accès à la CMU de base, c'est-à-dire à la Sécurité sociale, à n'importe quel particulier résidant en France de manière régulière. D'autre part, elle ouvre aussi le droit à une couverture complémentaire pour tous ceux, RMIstes, chômeurs, travailleurs indépendants, retraités, salariés mal payés, etc., dont les revenus ne dépassent pas 3 600 F par mois. Vu le tarif des cotisations aux mutuelles complémentaires, il est certain que cet avantage est important pour tous ceux qui ont d'aussi faibles revenus. Mais ce qui est inadmissible, c'est qu'en soient exclus tous ceux qui dépassent, ne serait-ce que de quelques centaines de francs, ce revenu et n'ont pas de quoi vivre normalement. La fixation de ce plafond est en tout cas bien démonstrative de la mesquinerie du gouvernement vis-à-vis des plus démunis, car ce plafond de 3 600 F aujourd'hui (3 500 F, il y a un an) est savamment calculé et revalorisé pour exclure, entre autres, ceux qui perçoivent le minimum vieillesse et / ou l'allocation adulte handicapé, c'est-à-dire des catégories de personnes dont l'insuffisance des revenus est manifeste mais dont le gouvernement a sans doute estimé qu'elles étaient trop nombreuses et avaient trop souvent besoin de soins médicaux! Et lorsque de nombreuses associations ont dénoncé ce problème, le gouvernement a fait la sourde oreille!

La réglementation de la CMU comporte par ailleurs bien d'autres mesquineries. C'est ainsi que l'allocation logement est intégrée dans le calcul des ressources à hauteur d'environ 300 F maximum. C'est ainsi aussi que les dépenses en matière de prothèses dentaires sont limitées à une enveloppe maximum de 2 600 F sur deux ans, une somme inférieure à celle des anciens systèmes d'aide, et surtout dramatiquement insuffisante par rapport aux besoins en soins dentaires de la plupart des personnes démunies, qui n'ont pas eu accès à des soins dentaires réguliers parfois pendant des années.

Les associations humanitaires dénoncent aussi d'autres insuffisances. Les étrangers en situation régulière ont parfois bien du mal à faire valoir leurs droits. Ceux qui sont en situation irrégulière en ont encore davantage à bénéficier du système spécial d'Aide médicale d'Etat qui leur est réservé.

En tout cas le nombre des bénéficiaires de la CMU - 4,8 millions au bout d'un an, plus d'un million d'autres à venir, selon les prévisions - donne une idée du nombre de pauvres dans cette société. Sans compter qu'il faut ajouter à ces chiffres les millions d'autres, personnes âgées, handicapés, chômeurs, travailleurs à temps partiel et autres personnes que leurs revenus supérieurs à 3 600 F excluent de la CMU sans leur permettre de vivre et de se soigner comme il serait nécessaire.

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