Baisse des retraites complémentaires dans la fonction publique : Il faut des retraites convenables pour tous05/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1695.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Baisse des retraites complémentaires dans la fonction publique : Il faut des retraites convenables pour tous

Le CREF, Complément retraite épargne fonction publique, est une retraite complémentaire souscrite par les fonctionnaires qui le souhaitent, auprès de la MRFP, Mutuelle retraite de la fonction publique. Le CREF est censé permettre à ses 450 000 souscripteurs un complément de retraite proportionnel à la durée et au montant de leurs cotisations.

Dernièrement, la majorité des dirigeants de la MRFP ont décidé de baisser de plus de 16 % le montant des retraites complémentaires à compter du 1er janvier 2001. Ce qui représente de 516 francs à 4 596 francs par an de moins, selon le montant des souscriptions. C'est un coup dur pour bien des retraités.

Et il faut bien noter que ce ne sont pas seulement les retraites souscrites par les contrats à venir qui sont ainsi baissées, mais bel et bien les retraites en cours. C'est-à-dire que des salariés qui ont souscrit un contrat avec une retraite complémentaire prétendument garantie, et qui ont pendant des années cotisé en conséquence, sont bel et bien floués.

Les raisons invoquées sont la nécessité de s'adapter au droit européen en la matière, lui-même conçu pour les compagnies d'assurances privées, qui exige d'augmenter les réserves financières, au nom d'une évolution démographique qui augmente le nombre des retraités par rapport aux actifs, ainsi que la durée de vie et donc celle des versements.

Tout ceci est exact, bien entendu, mais laisse de côté un certain nombre de choses. Tout d'abord, s'il y a insuffisamment d'actifs, c'est d'abord parce que l'Etat laisse dépérir certains services publics au lieu d'embaucher massivement. C'est d'ailleurs le même phénomène du chômage qui contribue aux problèmes financiers de la Sécurité sociale et des caisses de retraites en général.

En second lieu, si les salariés, qu'ils soient du public ou du privé, recevaient des retraites convenables, il n'y aurait aucun besoin de recourir à des retraites complémentaires.

Impossible, dira-t-on ? Pourtant l'argent existe, si l'on en juge non pas par l'évolution démographique, mais par l'évolution des profits!

L'affaire concerne aujourd'hui une mutuelle où les adhérents ont théoriquement leur mot à dire, même si dans les faits il y a loin du principe à la réalité. Mais une baisse de ce genre répand l'inquiétude, car elle pourrait s'appliquer demain à d'autres retraites complémentaires ou même aux retraites "normales", pas complémentaires celles-là, du privé comme du public. Et l'on pourrait invoquer de la même façon de nouvelles lois ou règlements, européens ou pas, ainsi que les données démographiques, pour réduire les prestations promises.

Bien que des caisses de retraites et des mutuelles soient en difficultés ou s'attendent à y être un jour, elles sont cependant lorgnées avec gourmandise par les compagnies d'assurances qui aimeraient récupérer les dizaines de milliards qu'elles gèrent, et qui se réjouissent des difficultés de la MRFP.

Mais les salariés, fonctionnaires ou pas, auraient bien tort de faire confiance aux organismes financiers. Avec eux, ce serait non seulement la retraite, mais la déroute...

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