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- Lutte ouvrière n°1695
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Leur société
Après la filière bovine, la filière porcine sur le gril
Environ 15 millions d'animaux composent le troupeau porcin existant en France, troisième producteur et quatrième exportateur de l'Union européenne. Or dans le cadre de l'affaire de la vache folle et de la surveillance apportée à la production de viande destinée à la consommation humaine, la filière porcine a fait l'objet d'une enquête de la part de la direction générale de la santé et de la protection des consommateurs de la Commission européenne. Le bilan de cette enquête, aujourd'hui porté à la connaissance du public, a de quoi couper l'appétit aux moins délicats.
L'enquête porte sur les conditions de production de viande de porc et de produits dérivés, en particulier dans les abattoirs agréés et donc, en principe, très contrôlés. Les contrôles vétérinaires sont en effet menés par des services départementaux, dépendant de la direction générale de l'alimentation, dépendant elle-même directement du ministère de l'Agriculture. Or le rapport de la commission d'enquête enregistre l'insuffisance grave des contrôles sanitaires aux différentes étapes de l'abattage et de la découpe des animaux.
Cela commence par l'absence de vétérinaires inspecteurs avant l'abattage, l'un des cas les plus scandaleux étant celui d'un abattoir tuant 1,4 million d'animaux par an sans qu'aucun vétérinaire ne soit présent au moment de l'arrivée des animaux à l'abattoir. Dans d'autres, le nombre de vétérinaires est notoirement insuffisant. L'absence ou le laxisme des contrôles des animaux une fois abattus ainsi que des divers processus de fabrication qui suivent apparaissent ahurissants. Le rapport dénonce : "Le sang destiné à la consommation humaine est collecté dans des conditions non hygiéniques. Les animaux sont saignés à la chaîne et le sang collecté dans un système ouvert avec de hauts risques de contamination à partir des peaux souillées". Le personnel des abattoirs ne disposerait pas du matériel nécessaire au respect des règles d'hygiène. Faisant état du contenu de ce rapport de la Commission européenne, le quotidien Le Monde du 30 décembre 2000 relatait que les auteurs de l'enquête avaient noté "des carcasses porcines souillées de matière fécale ou contaminées avec de l'huile provenant du matériel de la chaîne d'abattage" ou bien encore que "des animaux atteints de maladies chroniques ou victimes d'anciennes fractures infectées sont conduits à l'abattoir".
Les pouvoirs publics français se défendent en déclarant qu'évidemment, les services vétérinaires sont insuffisants (1 100 vétérinaires inspecteurs et 3 000 techniciens pour, il faut le rappeler, un cheptel porcin de 15 millions d'animaux) mais que 246 nouveaux vont être recrutés (!), et surtout que la situation du troupeau porcin français est la meilleure qui soit en Europe. Cela expliquerait, d'après le ministère de l'Agriculture, qu'on s'y préoccupe moins qu'ailleurs de rechercher les trichines, ces parasites porcins susceptibles de contaminer l'homme... et qu'on ne s'y préoccupe pour ainsi dire pas de l'hygiène des abattoirs...
Jean Glavany, ministre français de l'Agriculture, concluait une interview à L'Humanité du mardi 2 janvier 2001 en lançant aux consommateurs : "Consommez tranquillement et sereinement sans avoir d'angoisse sanitaire particulière". La façon dont ses services effectuent ou - plutôt - n'effectuent pas les contrôles nécessaires va certainement aider les consommateurs à retrouver la sérénité en mettant les pieds sous la table...