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- Lutte ouvrière n°1691
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Leur société
Marché des lycées d’Ile-de-France : T’as pas cent briques ?
Le marché des lycées d'Ile-de-France qui défraye la chronique à la suite des mises en examens de divers politiciens n'a pas été une mince affaire. Durant environ sept ans, de 1989-1990 à 1996, la rénovation d'environ deux cents lycées a coûté 28 milliards, soit une moyenne de 140 millions pièce, une paille !
Sur cette somme, les entreprises qui emportaient le marché reversaient 2% aux partis politiques, soit 560 millions. Les 98% restants, elles les empochaient. Bien entendu, la rénovation avait un certain prix de revient. Mais on imagine toutefois que les patrons de ces entreprises faisaient un confortable bénéfice. De combien ? On n'en saura que la partie affichée du bilan comptable.
Toujours est-il que ces entreprises ont empoché près de 27,5 milliards. Quelles entreprises ?
C'est la Coteba qui a emporté la plupart des marchés. La Coteba n'est pas très connue sous ce nom. En fait, c'était une filiale de la Générale des Eaux, devenue aujourd'hui Vivendi, qui l'est bien plus.
Cette Coteba obtenait-elle les marchés parce qu'elle proposait le meilleur service au meilleur prix ? C'est loin d'être évident. On notera que deux élus RPR parisiens, Pierre Lellouche et Michel Bulté (qui se présentent aujourd'hui sur les listes de Séguin !), ont été salariés durant un an à la Coteba. Pour y faire quoi ? L'avocat de Lellouche s'explique de la façon suivante : «A l'époque, mon client était chargé de mission auprès de Jacques Chirac à la mairie de Paris et consultant pour deux sociétés, Spie Batignoles et effectivement Coteba». Belle osmose entre la vie politique parisienne et les bétonneurs !
De toute façon, ce sont les contribuables qui ont payé cette fameuse rénovation des lycées, bien ou mal faite, qui comprend les 2% et les bénéfices des entreprises. La justice s'en prend à juste titre pour le moment aux politiciens véreux. Mais les patrons desdites entreprises se font passer pour des victimes. Ils étaient soumis à un véritable «racket», s'ils voulaient le marché ils devaient payer, entend-on dire. Et pour le moment la justice ne leur demande pas de comptes.
En fait, elles étaient bien plus bénéficiaires que victimes. D'autant que dans ce racket, c'était aux contribuables que l'on présentait en fin de compte la facture, facture qui permettait aux partis politiques de prélever une dîme, mais aux sociétés de BTP d'empocher le principal.
C'est à elles aussi qu'il faudrait demander de rendre des comptes dans tous les sens du terme.