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Le Crédit Lyonnais et les autres : La facture est lourde
La Cour des comptes vient d'évaluer le montant de l'intervention de l'Etat dans la crise du secteur financier. Le chiffrage des pertes enregistrées, par le Crédit Lyonnais essentiellement mais aussi le GAN, le Crédit Foncier de France et le Comptoir des Entrepreneurs, atteindrait 134 voire 144 milliards de francs. Et encore, cette somme, pour importante qu'elle soit, n'est peut-être pas définitive. En tout cas les contribuables auraient encore à payer, si on en reste à ces chiffres, entre 38 et 48 milliards de francs.
Après la publication des comptes, ces chiffres ont été considérés par l'Etat, en l'occurrence le ministère des Finances, comme exagérés. Mais au-delà de la polémique, l'addition est de toute façon salée. Une chose est certaine : un trou énorme a été créé dans lequel ont disparu des dizaines de milliards qui n'ont évidemment pas été perdus pour tout le monde. Quittant les caisses du Crédit Lyonnais, du GAN et du CFF, ils sont allés grossir les poches d'autres capitalistes, de l'immobilier en particulier.
Mais les gouvernements qui se sont succédé depuis que le scandale a éclaté, se sont bien gardés de réclamer les milliards prétendument disparus à ceux qui se les étaient appropriés. Par contre, ils n'ont aucun scrupule à puiser dans l'argent des contribuables pour que ce soit en fin de compte ceux-ci qui payent les pots cassés. Ce qu'ils devraient continuer à faire jusqu'en 2014.
La crise immobilière était, nous avait-on dit, responsable de cette catastrophe financière. Certes, au milieu des années 1990, on assista bien à une chute des prix dans l'immobilier. Tout ce qui avait été payé dans la période précédente à prix élevé aux promoteurs et aux industriels du bâtiment voyait sa valeur chuter. Si des banques perdaient des milliards, les sommes déjà dans les poches des requins et des spéculateurs du bâtiment et des travaux publics y restaient bien au chaud.
Et d'ailleurs, pour bien signifier que l'Etat est là pour soutenir les capitalistes, il y avait dans la liste des organismes financiers impliqués dans ce trou, le Comptoir des Entrepreneurs, un établissement privé, dont les dettes ont été elles aussi prises en charge : 13 milliards de francs, ce qui n'est pas rien. Que n'aurait-on pu faire avec de telles sommes : garantir presque une année d'investissements pour développer les infrastructures publiques (Education nationale, routes, hôpitaux...) ou encore payer 700 000 infirmières ou enseignants pendant un an.
Mais ce n'est pas là le souci de ce gouvernement ni de ceux qui l'ont précédé, eux qui ont agi comme pompe à fric des classes populaires pour arroser les profiteurs et les spéculateurs, qu'ils soient des escrocs légaux ou des escrocs tout court.