Alstom Belfort : LGE a dû remballer ses licenciements08/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1691.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom Belfort : LGE a dû remballer ses licenciements

Le vendredi 24 novembre, la quasi-totalité des 160 ouvriers et employés de LGE se sont mis en grève totale et ont bloqué durant deux jours et demi les portes de l'Alstom à Belfort où travaillent plus de 6000 personnes.

La raison de cette grève était l'envoi de deux lettres de licenciement. Cela faisait un moment qu'à LGE la coupe se remplissait. Cette entreprise avait repris les activités d'emballage, de transport et les magasins dans le cadre des externalisations faites par Alstom. Menaces, pressions, licenciements pour n'importe quel motif pleuvaient.

La direction LGE reprochait à une employée d'être partie de son travail pour se rendre chez son médecin sans avoir pointé. Malade et dépressive, on voulait l'obliger à changer de poste. Quant à «Jeannot», puisque tout le monde l'appelle ainsi, son crime était d'avoir quitté un examen de fin de stage six minutes avant l'heure pour pouvoir prendre son train, en demandant l'autorisation à l'examinateur. Pour couronner le tout, les faits étaient qualifiés de faute grave afin de priver ces camarades d'indemnités de licenciement.

Ces motifs étaient non seulement ressentis comme arbitraires mais comme une menace pour tout le monde. Le jeudi après-midi, un contremaître et trois autres responsables allèrent demander au directeur de retirer les sanctions. Pour toute réponse, il les somma de mieux choisir leur camp et de le soutenir.

C'est dans cette situation que la grève éclata. Dès le lundi, les grévistes bloquèrent toutes les portes d'accès au site, empêchant ainsi toute entrée et sortie de matériel.

Les grévistes voulurent s'adresser à la direction Alstom qui les avaient livrés à un si beau «partenaire» mais ils trouvèrent portes closes et huissier. Ils s'adressèrent alors à un directeur parisien de LGE qui répondit, au téléphone, qu'ils n'étaient «qu'une bande de fainéants, d'alcooliques et de cas sociaux !»

Cela ne fit qu'accroître la détermination de tous, dont la cause gagnait toujours en sympathie dans toute l'usine.

Il faut rappeler qu'Alstom tente de faire passer un plan de licenciements de plus de mille personnes à Belfort. Jusqu'à présent la direction s'en tire plutôt bien puisqu'il n'y a pas encore eu de réaction d'ampleur. Mais elle peut se produire. Alstom a pu craindre qu'une situation difficile pour elle puisse se développer. Pour preuve, elle n'a même pas osé déplacer les caisses bloquant les portes, alors que la nuit les grévistes n'étaient pas présents.

Mercredi matin, la direction revenait sur un des deux licenciements, mais pas sur celui de Jeannot. Comme il n'était pas question pour les travailleurs d'en rester sur ce demi-succès, la grève continua donc. A la sortie de midi, les grévistes aidés par les militants syndicaux firent signer une pétition.

Les directions de LGE et d'Alstom ont pu estimer la réalité du soutien et, vers 14 heures, la levée pure et simple des sanctions fut annoncée.

C'est peu dire que les grévistes étaient fiers et heureux. Ceux que l'on traitait de «fainéants, d'alcooliques et de cas sociaux» avaient fait plier les arrogants.

Ce premier succès obtenu dans cette usine depuis longtemps, il est permis d'espérer qu'il contribuera à donner un nouveau souffle à la lutte contre les plans de licenciements d'Alstom.

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