Lever (Haubourdin - Nord) : La mobilisation continue04/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1673.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lever (Haubourdin - Nord) : La mobilisation continue

C'est l'époque des congés, mais si nous partons, c'est seulement quelques jours... on risque d'avoir de trop longues " vacances " d'ici quelques mois si la direction d'Unilever maintient sa volonté de fermer l'entreprise. Ce qui fait qu'il y a même plus de monde que d'habitude aux AG, et heureusement !

Nous avons repoussé ainsi le projet de l'expert du comité central d'entreprise qui proposait dans son rapport la filialisation de l'entreprise d'Haubourdin, car il remettait en cause les objectifs que la majorité du personnel s'est fixés : rester Lever ou bien, si la direction ne recule pas, la préretraite-entreprise pour les camarades qui ont 50 ans et plus et un million d'indemnité pour chacun d'entre nous, en plus des indemnités conventionnelles.Prévue entre les seuls délégués, la réunion sur ce projet s'est tenue de fait devant 70 salariés.La majorité du personnel tient maintenant à assister à tout ce qui se discute et veut que les décisions soient prises en assemblées générales.

Le rapport de l'expert signale que le choix de la direction d'Unilever ne repose pas sur un éventuel manque de rentabilité du site d'Haubourdin.D'après ses calculs, le transfert de la production en Angleterre et en espagne ne deviendrait rentable que dans 7 ans.Et il confirme que la fermeture d'Haubourdin ferait partie de l'annonce de 25 000 suppressions d'emplois dans le monde avec comme objectif principal de faire monter le cours des actions d'Unilever.Avec 4 % d'augmentation, cette annonce fut peu efficace, alors même que ce trust se porte bien face à ses concurrents.

Cela n'empêche sans doute pas la direction de Lever d'appliquer son plan, mais cela justifie d'autant plus notre refus de subir la loi des patrons sans réagir et aussi d'exiger des compensations financières qui peuvent paraître importantes, mais qui ne sont pourtant pas grand-chose face à la richesse d'un tel trust. Le million supplémentaire pour tous que nous exigeons en cas de licenciement de Lever correspondrait au total des dividendes versés par Lever France aux actionnaires ces quatre dernières années, alors que les bénéfices de Lever France concourent pour moins de 0,5 % à ceux d'Unilever !

Bien sûr nous comptons plus sur notre lutte et son élargissement à d'autres entreprises pour imposer nos revendications que sur les rapports d'expertises. Cette semaine, lorsque nous avons appris la grève des salariés de Prowell, nous leur avons proposé de nous soutenir mutuellement. Nous avons participé ainsi à une de leurs AG et ils sont venus à Lever. Et nous sommes allés à quelques-uns avec eux à la Mairie de Lille.

Les responsables du Parti Socialiste et les autorités semblent un peu inquiets en ce moment, vu le nombre d'entreprises qui ferment leurs portes dans la région et les coups de colère qui se multiplient . Si les statistiques du chômage baissent au niveau national en juin, dans le Nord-Pas-de-Calais il y a une augmentation de 0,5 % du nombre de demandeurs d'emplois. Et ce n'est pas fini car, en plus de Lever, Case, Alstom, des Verreries de Masnières, de Manoir-industrie, et d'autres, ce sont plus d'un millier d'emplois qui risquent d'être supprimés d'ici la fin de l'année.

C'est aussi Forgeval à Valenciennes qui est menacée de fermeture et les 127 derniers ouvriers de licenciement. A l'exemple de Cellatex dans les Ardennes, des ouvriers de Forgeval avaient préparé l'incendie de l'usine avec des huiles, des carburants et des bonbonnes de gaz dont ils disposent. Alors que les autorités ne font rien contre les patrons qui pratiquent le " terrorisme social " par les licenciements massifs, le sous-préfet de Valenciennes s'est déclaré prêt à envoyer les CRS. Si les ouvriers de Forgeval ont finalement abandonné leur projet, leur mécontentement reste explosif. Et au-delà de l'explosion des entreprises, c'est l'explosion d'une lutte collective des travailleurs que craignent les autorités.

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