Haro sur l'immigration : Chevènement persiste et signe04/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1673.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Haro sur l'immigration : Chevènement persiste et signe

Au cours d'un séminaire européen sur l'immigration tenu le 12 juillet dernier à Rome, le commissaire européen chargé de la Justice proposait, en s'appuyant sur la baisse du chômage en Europe et sur le vieillissement de la population qui menacerait les systèmes actuels de retraite, de renoncer à " la politique immigration zéro " et d'adopter de " nouvelles mesures légales permettant aux immigrés d'entrer en Europe ". Ce qui, de plus, aurait l'avantage d'après lui de mettre un terme à l'immigration clandestine et surtout répondrait à la demande de plus en plus forte de main-d'oeuvre dans certains secteurs de l'économie.

C'était plus que suffisant pour permettre à Jean-Pierre Chevènement de faire entendre sa petite différence devant les ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'Union européenne réunis à Marseille le 28 juillet. " Le recours massif à une " immigration de remplacement " ne serait ni économiquement ni socialement raisonnable ", a-t-il déclaré, car les pays occidentaux " ne sont pas prêts à payer l'intégralité du ticket d'entrée des populations migrantes ". Afin de satisfaire les éventuels besoins de main-d'oeuvre, " il faut d'abord se tourner en direction des chômeurs nationaux ", a-t-il ajouté.

Chevènement n'hésite pas, comme ses prédécesseurs de droite, à reprendre " l'argumentaire " des démagogues d'extrême droite. La défense de l'emploi pour les " travailleurs nationaux ", Chevènement s'en moque comme de sa première chemise, lui qui a si souvent participé aux divers gouvernements de gauche qui, depuis une vingtaine d'années, n'ont fait que subventionner grassement tous les patrons licencieurs.

Mais si le patronat a besoin de main-d'oeuvre immigrée, Chevènement est prêt à le satisfaire en faisant appel " à des mains-d'oeuvre étrangères et saisonnières dans le cadre de contrats passés entre les pays européens et les pays d'Afrique ou méditerranéens ". Et d'ajouter : " Il est préférable de systématiser le système des migrations temporaires, ce qui suppose pour ce type de main-d'oeuvre à la fois une ouverture plus généreuse des frontières et une fermeté plus grande sur le séjour permanent ". Bref, la précarité totale d'une main-d'oeuvre privée de tout moyen de défense : voilà ce que Chevènement offre au patronat.

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