Côte-d'Ivoire : Une parodie de processus démocratique sur fond de misère et de tension croissante04/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1673.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte-d'Ivoire : Une parodie de processus démocratique sur fond de misère et de tension croissante

Alors que la Côte-d'Ivoire est censée vivre une période de passage à la démocratie sous la tutelle des militaires du général Gueï, la tension monte et le pouvoir du général se manifeste avec brutalité.

Le référendum qui vient d'avoir lieu le 23 juillet sur un projet de nouvelle constitution, destiné à doter le général vainqueur du coup d'État du 24 décembre 1999 d'une façade de " légitimité ", aurait obtenu le oui de 86,53 % des votants, une fois décomptées les 44 % d'abstentions.

Mais malgré les félicitations aussi embarrassées que méprisantes du ministre français de la Coopération (car ce ministère se voit toujours, apparemment, en ministère des colonies...), qui a à ce propos parlé de " bon résultat global ", " expression de la maturité ivoirienne ", il reste que ce référendum était bidon, que toutes les forces politiques appelaient à voter oui, qu'il a eu lieu dans une ambiance d'état d'urgence. en outre, la modification constitutionnelle en jeu visait tout spécialement à exclure l'opposant Alassane Ouattara (qui fut premier ministre sous Houphouët-Boigny) de l'élection présidentielle à venir à l'automne...

En effet, toute une campagne xénophobe exaltant " l'ivoirité ", largement entamée sous Bédié (celui-là même qui fut renversé par Gueï en décembre dernier), a été reprise par le général et elle sert notamment à contester la nationalité ivoirienne d'Alassane Ouattara, en le montrant comme originaire du Burkina voisin. Dans les derniers jours précédant le référendum sur la Constitution, les militaires en avaient d'ailleurs modifié le texte, afin de ne retenir pour la présidentielle que les candidats de père et de mère ivoiriens, le " et " remplaçant le " ou " initialement prévu.

Et c'est dans un contexte de démagogie xénophobe que Gueï cherche visiblement à garder ce pouvoir qu'il avait parlé de rendre " aux civils " au terme du processus électoral.

Des manifestations antifrançaises (non réprimées par les forces de l'ordre) ont répondu au ministre français Josselin, qui avait cru bon de remarquer tout de même : " Il ne faut pas que les Ivoiriens soient privés de leur liberté de choix " ; mais lundi 31 juillet les soldats et les gendarmes ont réprimé brutalement, à Abidjan et à Bouaké, des manifestations d'étudiants favorables à la candidature de Ouattara.

Le général Gueï se trouve dans la délicate situation de souhaiter sans doute conserver le pouvoir à travers au moins une apparence d'élections libres, mais il lui faudrait pour cela disposer du soutien et de l'aide de tout un appareil politique qui ne pourrait être en l'occurrence que celui du PDCI, l'ancien parti qui a perdu le pouvoir. Ce n'est pas gagné, et autant dire que les manoeuvres et magouilles ne sont pas près de cesser d'ici les élections, si même celles-ci ne finissent pas par être tout simplement repoussées.

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