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- Lutte ouvrière n°1673
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Aventis Romainville (Seine-Saint-Denis) - ex-Hoechst-Marion-Roussel : Les menacescontre nos emplois se précisent
La direction d'Aventis (Hoechst et Rhône- Poulenc fusionnés) était en négociations avec la branche Pharmacie du géant de la chimie Du Pont de Nemours pour la vente du centre de recherche de Romainville et de ses services d'appui. Le 18 juillet, elle a annoncé la rupture.
Cela fait 19 mois que les 1832 travailleurs de l'établissement de Romainville, ainsi que des centaines de salariés en sous-traitance, vivent dans l'inquiétude pour leur emploi. Dans le cadre de la création d'Aventis, la direction entendait "rationaliser" ses centres de recherche dans le sens d'une augmentation des profits, par la mise en vente de Romainville. Elle se faisait fort de trouver un repreneur et il fallait, paraît-il, se rassurer puisque des négociations étaient en cours avec plusieurs candidats à la reprise. Mais les tractations étaient restées secrètes, jusqu'à ce qu'on apprenne qu'avec Du Pont, le dernier en lice, elles avaient fait flop.
Selon Aventis, la responsabilité de l'échec des négociations incombe à la direction de Du Pont qui aurait formulé de nouvelles exigences. Mais qui nous a mis en vente comme des marchandises avec le site, si ce n'est nos patrons, pour le bonheur des actionnaires ? Pour la même raison, la direction envisage 11 000 suppressions d'emplois dans le monde, dont 3000 en France, et la fermeture ou la vente de 49 sites sur 91.
Les travailleurs de Romainville ont, depuis 19 mois, participé à de nombreux débrayages et manifestations, en Seine-Saint-Denis, aux différents sièges de Hoechst et de Rhône-Poulenc, à l'assemblée des actionnaires, etc.
Désormais, ils craignent le démantèlement et la fermeture progressive du site. Dès l'annonce de la rupture avec Du Pont, bien que les effectifs aient été alors peu nombreux en raison des vacances, nous avons débrayé et, à une centaine, nous nous sommes rendus à La Défense où se tenait une réunion de la direction. Nous exigions le maintien des emplois, du site et des activités. Puis une assemblée a regroupé 700 personnes à Romainville. Deux membres de la direction qui avaient dû venir s'expliquer ont été chahutés quand ils ont annoncé un nouveau délai de trois mois (encore !) pour trouver "des solutions en interne et en externe". Ce qui n'a trompé personne. Il faut dire que la direction nous a déjà tellement menés en bateau ! Elle affirme que la rupture des négociations avec Du Pont "ne remet pas en cause ni la philosophie, ni la stratégie, ni les instruments de la politique d'Aventis Pharma, en particulier dans le domaine social" ; mais précisément, cette "philosophie" consiste à supprimer des emplois pour accroître les bénéfices.
Mardi 25 juillet, nous nous sommes rassemblés à 400, et 200 d'entre nous se sont à nouveau rendus au siège en manifestation pour dire notre colère. Une délégation syndicale de l'usine et du centre de recherche Aventis de Vitry (Val-de-Marne) était présente. Nous avons été accueillis par des employés qui avaient confectionné des pancartes pour exprimer leur solidarité. Deux jours plus tard, une conférence de presse convoquée à l'initiative de l'intersyndicale s'est déroulée dans l'entreprise avec la participation active de près de 300 travailleurs du site et de militants syndicaux de Vitry.
Au centre de recherche de Vitry et à La-Croix-de-Berny, la direction d'Aventis parle d'embaucher, mais en réalité 22 emplois d'ouvriers et d'employés ainsi que 31 emplois de techniciens sont supprimés, tandis que la création de 170 emplois de cadres n'empêche pas que certains d'entre eux soient toujours sans poste.
La colère est déjà là, mais bien sûr, il nous reste à préparer tous ensemble la riposte de la rentrée, pour que la direction s'engage à nous garantir tous les emplois et tous les sites. Elle en a très largement les moyens. L'année 1999 avait été "un grand cru en termes de performances commerciales", selon le président de la branche pharmacie. Pour les six premiers mois de cette année, Aventis vient d'annoncer une augmentation de 11,6 % de son chiffre d'affaires par rapport au premier semestre de l'année précédente (et même 17,6 % pour le secteur de la pharmacie). Prétendre supprimer des emplois dans une telle situation constitue une vraie provocation.
Après une hausse de 24 % du bénéfice par action en 1999, les dirigeants d'Aventis promettent cette année une augmentation de 25 % et d'au moins 30 % en 2001 et 2002. Il y a donc une marge financière importante pour maintenir tous les emplois et en créer de nouveaux.