Régularisation des sans-papiers !09/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1665.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Régularisation des sans-papiers !

A Lille, depuis le 8 avril, 25 personnes sont en grève de la faim pour exiger l'obtention des papiers. Elles s'étaient installées dans un local de la CGT à la Bourse du travail et ont été l'objet de pressions multiples. Après l'évacuation de force du 26 mai où les grévistes de la faim ont été emmenés, contre leur gré, dans des hôpitaux dont ils ont tous souhaité sortir, il y a eu, le 31 mai, l'encerclement de la Bourse du travail pendant deux heures par des centaines de policiers. Devant l'échec de cette nouvelle intimidation, la Mairie de Lille a envoyé une commission de sécurité pour signifier que les locaux ne correspondaient pas aux normes d'hygiène - ce que tout le monde savait depuis longtemps - et signait un arrêté municipal de fermeture des locaux de la Bourse du travail.

Le 5 juin, Roland Diagne, coordinateur du collectif des sans-papiers a été convoqué au commissariat central de Lille, interrogé pendant trois heures et menacé d'être accusé de " non-assistance à personne en danger ". La Préfecture, relayée par la presse régionale voudrait faire croire que certains dirigeants du comité des sans-papiers de Lille contraindraient les sans-papiers à faire cette grève de la faim. La presse a fait circuler le faux bruit que le MRAP se désolidariserait du Comité, ce que les dirigeants du MRAP ont démenti. Mercredi 7 juin, à 6 heures, la Bourse du travail a été à nouveau évacuée, mais les grévistes de la faim s'étant installés ailleurs que dans le local habituel, les policiers se sont heurtés à des manifestants dont l'un est encore hospitalisé. A la suite de malaises, deux grévistes de la faim ont été transférés à l'hôpital, et vers neuf heures la police est revenue pour procéder à l'évacuation qui s'est déroulée avec des heurts. Le responsable de l'UD-CGT, convoqué par la police est ressorti peu de temps après. Mais dans ces circonstances dramatiques, les autorités se refusent à tout geste en faveur des sans-papiers.

A Toulouse, c'est la même fin de non-recevoir injuste et inhumaine que le gouvernement oppose aux revendications des sans-papiers en recourant aux mêmes pressions indignes.

Dans cette ville en effet, la police est intervenue le mercredi 31 mai, peu avant minuit pour évacuer six sans-papiers grévistes de la faim qui entamaient une action pour obtenir leur régularisation.

Ils avaient décidé ce mouvement qui leur paraissait l'ultime recours pour avoir le droit de vivre librement dans ce pays où ils habitent pour la plupart depuis plus de dix ans. Et ce après avoir épuisé toutes les procédures légales et organisé une marche de Toulouse à Paris l'été dernier.

Le gouvernement avait décidé de tuer le mouvement dans l'oeuf et une intervention a été effectuée avec huit cars de CRS armés de pied en cap. Tous les sans-papiers ont été embarqués au poste ainsi qu'un certain nombre de leurs soutiens français. Mais alors que ces derniers ont été relâchés deux heures après, la garde à vue des sans-papiers a été prolongée et la procédure d'expulsion mise en branle. Cinq sans-papiers sont passés en jugement au tribunal administratif le lundi 5 juin. Trois ont été libérés et on a signifié aux deux autres un arrêté de reconduite à la frontière.

Une mobilisation dans l'urgence n'a pas réussi à empêcher l'expulsion de l'un des deux sans-papiers, algérien, qui a eu lieu mardi 6 juin, à cinq heures du matin. Mais elle continue d'empêcher celle de l'autre, tunisien et ancien militant communiste recherché en tant que tel dans son pays.

L'attitude du gouvernement est indigne et inacceptable. Après avoir promis la régularisation pour aider à son élection en 1997, il l'a refusée à près de la moitié des demandeurs. Et voilà qu'il parachève sa sale besogne en livrant ces hommes à leurs bourreaux. C'est une infamie.Il faut la régularisation immédiate de tous les sans-papiers !

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