L'Afrique pillée par l'impérialisme09/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1665.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

L'Afrique pillée par l'impérialisme

Deux rapports - l'un émanant de la Banque Mondiale, l'autre de l'Organisation Mondiale de la Santé - viennent de dresser un bilan accablant sur la situation en Afrique. Dans la plupart des pays, le revenu moyen par habitant a encore reculé en 1998. Il est inférieur en pouvoir d'achat à celui de la fin des années 60, et plus de la moitié de la population du continent vit sous le seuil de pauvreté. Les pays d'Afrique subsaharienne disposent d'un produit intérieur brut moyen par Etat à peine supérieur à deux milliards de dollars, soit celui d'une ville de 60 000 habitants d'un pays riche. L'Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) est particulièrement touchée. La misère y est aggravée par tous les conflits meurtriers qui ravagent ces Etats, à l'image de ce qui se passe en Sierra Leone ou en Angola.

Le constat est tout aussi dramatique en ce qui concerne l'état sanitaire du continent africain. Dans l'étude réalisée par l'OMS, l'espérance de vie en bonne santé n'atteint pas 35 ans dans une dizaine de pays, de la Sierra Leone à l'Ethiopie, en passant par le Niger, le Malawi, la Zambie, le Bostwana, l'Ouganda, le Rwanda, le Zimbabwe et le Mali. Et le sida continue à faire des ravages : cette maladie est la première cause de décès dans l'Afrique subsaharienne et elle a tué 2,2 millions d'Africains en 1999, contre 300 000 en 1989. L'un des coordinateurs de cette étude en conclut que "l'espérance de vie saine dans certains pays africains est en train de reculer jusqu'à des seuils qui n'existent plus dans les pays industrialisés depuis le Moyen Age".

Quant aux spécialistes de la Banque Mondiale, ils savent très bien faire des constats et estimer au plus près le degré de misère, mais quand il s'agit de pointer les responsables de cette situation, c'est une tout autre affaire. Pour cet organisme qui travaille au côté du FMI, le problème réside avant tout dans la corruption et les insuffisances des dirigeants locaux. Il distribue ainsi les bons points aux pays où se sont tenus des simulacres d'élections et où l'on feint de combattre la corruption. Comme perspective d'avenir, il propose les nouvelles technologies de l'information. En somme, c'est la réalité virtuelle comme remède à la famine... Mais ce qui est beaucoup plus réel et qui ne figure pas dans les rapports de ces organismes internationaux, c'est la responsabilité écrasante des pays impérialistes.

Tout de même, c'est bien parce que le continent africain est pillé de façon systématique depuis des décennies par les grandes puissances, et par l'impérialisme français en particulier, qu'il s'enfonce ainsi dans une misère terrible. Les pays les plus pauvres du continent sont souvent aussi parmi les plus riches du point de vue des ressources naturelles. Que ce soit en Angola, au Congo, au Nigeria ou même dans de plus petits Etats tels que la Sierra Leone, on trouve du pétrole, des diamants, de l'or et d'autres matières premières recherchées qui pourraient largement permettre de satisfaire les besoins des populations. De même, dans bien des pays aujourd'hui touchés par la famine ou la malnutrition, les meilleures terres cultivables sont accaparées par des productions de coton, de cacao, d'ananas ou d'arachides uniquement destinées au marché mondial. En fait, partout, ce sont les trusts occidentaux qui possèdent le contrôle de ces richesses, contrôle qui leur est assuré, en définitive, par les dictateurs locaux, alliés du moment.

Et derrière les conflits qui éclatent régulièrement dans ces régions, on trouve encore les grandes compagnies et leurs rivalités, qu'elles règlent par chefs de guerre interposés. Ce qui fait littéralement crever les populations africaines est avant tout cette emprise de l'impérialisme sur leur continent. Mais bien évidemment, cela, la Banque Mondiale ne va pas le dénoncer, et encore moins le combattre.

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