Fraude électorale : "cachez ce Président que je ne saurais voir... "09/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1665.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Fraude électorale : "cachez ce Président que je ne saurais voir... "

Le député Vert Noël Mamère a fait appel de la sanction que lui a infligée le président de l'Assemblée nationale et dirigeant socialiste, Raymond Forni. Il a en effet écopé d'un " rappel à l'ordre " pour avoir mis en cause Chirac le 31 mai, lors de la séance consacrée aux questions d'actualité.

Or, fin mai, l'actualité politico-judiciaire venait de la mise en examen de quinze personnes (dont Dominati, premier adjoint du maire de Paris) dans l'affaire des faux électeurs parisiens, ceux du IIIème arrondissement dirigé par Dominati jusqu'en 1995 s'ajoutant désormais à ceux des Ve-VIe arrondissements, fief de l'actuel maire RPR de Paris, Jean Tiberi.

Depuis le dépôt d'une plainte pour fraude aux élections parisiennes de 1989, la Justice a pris son temps pour reconnaître des faits pourtant avérés. A savoir que la majorité municipale de droite avait mis en place un système lui permettant de l'emporter dans les vingt arrondissements en inscrivant frauduleusement des gens liés à elle dans les secteurs pouvant basculer à gauche.

Bien sûr, le premier bénéficiaire (organisateur ?) de l'opération est Chirac. Alors maire de Paris, il avait ainsi pu réaliser le " grand chelem " en 1989, en gagnant toutes les mairies de la capitale. Il lui fallait cela pour redorer son blason de leader de la droite car il venait de perdre la présidentielle de 1988 face à Mitterrand.

Mais, comme pour les affaires de pots-de-vin et faux emplois à la mairie de Paris, transformée en tremplin pour Chirac dans sa course à la présidentielle, le président de la République jouit de l'immunité judiciaire durant son mandat. Donc " pas touche ! ", même si, depuis des années, le fonctionnement de ce système s'étale dans les journaux.

Et quand Mamère ne fait que dire ce que tout le monde peut savoir, le président PS de l'Assemblée nationale le gronde, les ministres baissent les yeux, tout comme les dirigeants des partis de la " gauche plurielle ".

Il est bien évident que Mamère visait là autant Chirac que la ministre Verte Dominique Voynet, avec laquelle il se trouve en rivalité et dont il voulait souligner qu'elle " s'écrase " sur ce sujet, comme sur bien d'autres. Mais, au-delà du règlement de comptes entre politiciens Verts, c'est l'ensemble de la gauche gouvernementale qui apparaît une nouvelle fois pour ce qu'elle est : pleutre, même face à ses adversaires de droite, respectueuse des institutions et de ceux qui les incarnent, même quand leurs turpitudes sont de notoriété publique.

Et il ne faudrait pas oublier que l'immunité dont bénéficie Chirac lui a été octroyée en 1999 par un certain Dumas, alors que cet affairiste mitterrandien était encore président du Conseil constitutionnel et que, sous le coup de poursuites judiciaires dans des affaires de pots-de-vin, il quêtait l'indulgence de la droite pour tenter de conserver son poste...

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