COB : La bourse des voleurs09/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1665.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

COB : La bourse des voleurs

Deux cadres de la COB, la Commission des Opérations de Bourse, soupçonnés de délit d'initiés, ont été mis à pied. Ils avaient appris par leurs fonctions, en mars dernier, que le groupe Lagardère allait lancer une offre publique d'échange (OPE) sur les actions de sa filiale Hachette-Filipacchi. Dans ces OPE, les actions sont échangées à un prix au-dessus du cours, pour que les détenteurs aient intérêt à s'en défaire. Nos deux malins en auraient profité pour acheter ou faire acheter, en famille, la bagatelle de 12 millions d'actions Hachette-Filipacchi, dans le but de réaliser sans risque une bonne plus-value.

Leur combine a été découverte et toute la profession fait maintenant mine de s'indigner vertueusement. C'est qu'en effet la COB est justement chargée de veiller au " bon fonctionnement " de la Bourse et à la " transparence " et à la régularité des marchés financiers. Ce serait le " gendarme " de la Bourse en quelque sorte. Là, pour le coup, les gendarmes se seraient mis à jouer aux voleurs.

On apprend donc que, sous un vernis de respectabilité, la COB n'aurait pas les moyens de jouer son rôle, et surtout qu'elle n'en aurait guère l'envie. Elle préférerait fermer les yeux sur la plupart des cas de criminalité boursière, en particulier lorsque sont mis en cause des " puissants ". Et l'on cite les scandales couverts par elle, de l'affaire Pechiney-Triangle à celles du Crédit Foncier ou d'Eurotunnel, où les petits actionnaires se sont fait royalement plumer par les gros.

Mais justement, si la COB ferme si facilement les yeux sur les délits d'initiés et toutes les manoeuvres " frauduleuses " en Bourse, c'est que ces opérations sont l'essence même de cette institution. Les " coups de Bourse " classiques, pieusement répertoriés dans l'histoire financière et parfois immortalisés dans tel roman de Balzac ou de Zola, sont des spéculations où le hasard est le plus souvent corrigé par des informations confidentielles - donc des délits d'initiés.

La Bourse fonctionne grâce aux " tuyaux ", comme les paris sur les courses de chevaux. A l'époque d'Internet et des satellites de télécommunication, la spéculation n'est plus artisanale, comme du temps des premiers Rothschild. Elle est de plus en plus technique, nécessite des moyens considérables. Mais elle consiste toujours à dépouiller les plus faibles et les plus mal renseignés.

Voilà à quoi sert le fameux " secret " des affaires : à spéculer plus sûrement, à voler les " petits porteurs ", et à couvrir d'un voile de science et de compétence l'exploitation de la classe ouvrière.

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