Cinq ou sept ans, un président toujours au service de la bourgeoisie !09/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1665.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Cinq ou sept ans, un président toujours au service de la bourgeoisie !

Depuis plusieurs semaines, toute la vie politique française est centrée sur le problème de la durée du mandat présidentiel. Faut-il le maintenir à sept ans, ou le réduire à cinq ? C'est une question qui revient d'ailleurs de façon régulière. Cela fait vingt-sept ans que l'Assemblée nationale a voté un texte en faveur du quinquennat, qui s'est envasé au Sénat, et que les partisans de cette formule en reparlent régulièrement... quand ils ne sont pas à l'Elysée.

Si aujourd'hui le quinquennat a une chance de voir le jour, c'est parce que dans la course à laquelle se livrent Jospin et Chirac pour savoir lequel des deux sera élu président de la République en 2002, le premier a ressorti ce gadget de ses cartons, et que le second lui répond " chiche ! ". Et les partisans de chacune de ces deux formules d'affirmer qu'ils n'ont comme souci que celui de rendre les institutions plus démocratiques.

En théorie, on peut en effet estimer qu'un système dans lequel un élu se représente devant les électeurs au bout de cinq ans, plutôt que de sept, permet aux électeurs de dire leur mot plus souvent sur leurs représentants. Mais dans la pratique, toute la vie politique montre que les députés (élus pour cinq ans) sont tout aussi capables que le président de la République (élu pour sept ans) de mener une politique absolument contraire à leurs engagements et aux intérêts de ceux qui les ont élus.

Les capitalistes, qui sont des gens sérieux dès qu'il s'agit de leurs intérêts, se gardent d'élire pour cinq ans ou pour sept ans les PDG des entreprises où ils ont des capitaux. Les PDG sont révocables à tout instant par leurs conseils d'administration. Et les gros actionnaires, quand ils sont minoritaires, peuvent disposer d'une " minorité de blocage ", qui limite le pouvoir du PDG.

Mais dès qu'il s'agit des institutions politiques, tout se passe autrement. On nous dit qu'il faut assurer aux organismes élus la " stabilité " nécessaire, grâce à des mandats de longue durée. Au nom de la nécessité de dégager à l'Assemblée une majorité, on justifie une loi électorale inique (le scrutin majoritaire), qui fait barrage à l'expression de courants minoritaires. Et au cas où cela ne suffirait pas, on flanque la Chambre des députés d'un Sénat, dont les membres ne sont élus que par les " grands électeurs ", et pour neuf ans !

Tout cela ne gêne évidemment pas les bourgeois. Ils règlent le plus souvent leurs affaires avec l'Etat directement, avec les hauts fonctionnaires des ministères. Ils possèdent en outre les grands moyens d'information, les journaux, des chaînes de radio et de télévision, bénéficient des prévenances des radios et des télévisions d'Etat, et ont donc les moyens de fabriquer l'opinion publique à leur convenance.

Mais oser appeler un tel système " la démocratie ", c'est-à-dire " le gouvernement du peuple par le peuple ", relève de l'escroquerie.

Bien évidemment, aucune démocratie ne peut se passer d'organismes élus, et donc d'élections. Mais il ne saurait y avoir de véritable contrôle sur les élus, c'est-à-dire de véritable démocratie pour les travailleurs, qu'avec la possibilité pour les citoyens de révoquer leurs élus, si ceux-ci ne tiennent pas leurs engagements, et de procéder à de nouvelles élections.

Ce n'est évidemment pas cela qui préoccupe les partisans du quinquennat, ni a fortiori leurs adversaires. Mais c'est dire que leurs discussions électoralistes sur les mérites de l'une ou l'autre solution ne présentent aucun intérêt pour les travailleurs. Cinq ans ou sept ans, nous aurons toujours un représentant de la haute finance comme président.

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