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Dans les entreprises
La Poste : La grève, seul moyen pour les travailleurs de se faire entendre
Les grèves se sont multipliées ces derniers mois. Aux réactions contre les plans dits sociaux, qui se traduisent par la suppression d'emplois, s'ajoutent celles provoquées par la mise en place des 35 heures, à la sauce patronale, selon la recette fournie par Martine Aubry et sa fameuse loi. Ces grèves sont la forme que prend la résistance des salariés contre l'attitude des patrons et de l'administration qui profitent de la situation pour remettre en cause les conditions de travail, et souvent les salaires. Du coup, un certain nombre de mouvements actuels mettent en avant des revendications salariales.
Mais il ne faut pas compter sur les moyens dits d'information pour informer sur les raisons de ces mouvements, sur les revendications qui les motivent et les justifient. Ce n'est pourtant pas faute de place ni de temps. Pour ne prendre qu'un exemple dans l'actualité, depuis que la grève des postiers dure à Nice, on en a vu, et revu des images. Mais c'est surtout pour nous montrer la gêne que les grévistes causeraient à l'activité économique. On nous en a montré, des commerçants lassés, ou en colère, criant que les grévistes les écorchaient vifs. Par contre, on ne nous a pas dit grand-chose, pour ne pas dire rien, sur les raisons de cette grève. Rien, par exemple, sur l'attitude de la direction deLa Poste qui, à Nice comme ailleurs, profite de l'opportunité gracieusement offerte par la ministre du Travail pour aggraver les conditions de travail des facteurs. Pas question pour nos professionnels de l'investigation d'aller interroger cette direction pour s'enquérir de ses intentions, de ses projets, de ses calculs, et de lui poser quelques bonnes questions qui permettraient de comprendre la détermination des postiers. Pourtant la cause de cette grève, c'est le refus obstiné de cette direction.
Rien non plus, lorsqu'il y a une grève ailleurs - et il y en a bien plus qu'on ne le dit, dont la presse ne fait pas mention - sur les décisions des patrons, qui, dans des circonstances similaires, essayent de remettre en cause les conditions de travail et de rémunération des salariés. A en croire ceux qui font profession d'informateur, les travailleurs qui font grève ne seraient que d'abominables conservateurs ne pensant qu'à préserver leur situation privilégiée (drôle de privilège que celui qui consiste à aller distribuer le courrier six jours sur sept, ou, comme à Dijon, à collecter les ordures ménagères !). A la limite, à les écouter, on ferait grève par caprice, de façon irresponsable, sans en mesurer les effets.
Pourtant faire grève, plusieurs jours, voire comme à Nice plusieurs semaines, n'est pas une partie de plaisir sans conséquence. A commencer par les conséquences pécuniaires. Et lorsqu'on la fait, c'est que les raisons d'agir sont sérieuses. Au point que malgré des pressions venant de tous bords, malgré parfois le manque de détermination de certains des représentants syndicaux, prêts trop souvent à s'accrocher à des compromis qui laissent en l'état les questions qui ont décidé les travailleurs à arrêter le travail, cela ne suffit pas pour faire reprendre le travail.
Les grèves vues sous cet angle, on ne les montre guère, ni dans la presse écrite, ni à la radio, ni à la télé. Sauf que les travailleurs, eux, savent, pour l'avoir vécu, que le seul moyen de mettre en coup d'arrêt à l'arbitraire patronal ou directorial est d'agir collectivement. Il n'y a pas d'autre façon sérieuse et efficace de dire : " Assez, c'est trop, ce n'est plus aux hommes des directions et aux patrons de faire la loi, d'imposer aux salariés tout et n'importe quoi. "
Les seules responsables des grèves, et de leur prolongation, ce ne sont pas les salariés, mais ceux qui s'obstinent à leur dire non.