Tiberi, Strauss-Kahn... Les affaires reprennent05/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1634.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Tiberi, Strauss-Kahn... Les affaires reprennent

Du maire de Paris (de droite) impliqué, via son épouse, dans des détournements d'argent public et qui se cramponne à sa place, au ministre des Finances (de " gauche ") qui démissionne avant de risquer de faire couler Jospin, les hommes politiques baignent, décidément, dans un argent sinon sale, du moins pas vraiment propre.

Dominique Strauss-Kahn, celui-là même qui est chargé, à coups d'allégements fiscaux, de montrer au grand patronat que le gouvernement de gauche ne lui veut que du bien, qu'il soit reconnu coupable ou non, a quand même perçu quelque soixante millions de centimes pour avoir conseillé la Mutuelle nationale des étudiants de France pour l'entrée de la Compagnie générale des eaux (aujourd'hui Vivendi) dans le holding regroupant l'essentiel des filiales de la MNEF (qui ne s'occupait manifestement pas que des problèmes de santé des étudiants).

Comme on le voit, que les hommes qui, au gouvernement, gèrent les affaires de la bourgeoisie soient ouvertement de droite, ou se prétendent de gauche, ce sont les mêmes genres d'affaires qui les réunissent. On dit que l'argent n'a pas d'odeur, mais ces affaires en ont une, et elles ne sentent pas la rose.

Mais ce goût de l'argent n'est pas propre au monde de ceux qui nous gouvernent. Ils ne sont en effet que des gagne-petit par rapport aux grands capitalistes dont ils défendent les intérêts. On ne compte plus, par exemple, le nombre de scandales dans lesquels la Générale des eaux (ou sa concurrente, la Lyonnaise des eaux) était impliquée. Dans la plupart des cas les dirigeants des grandes sociétés ne sont même pas poursuivis dans ce genre d'affaire. Et quand ils le sont, personne n'inquiète de toute façon les gros actionnaires qui n'apparaissent jamais au grand jour et se contentent d'empocher les bénéfices.

La course au profit est la seule loi du système économique dans lequel nous vivons, même quand elle amène des ignominies comme licencier des milliers de travailleurs et en condamner d'autres à des conditions de travail ou à des horaires qui ruinent leur santé et leur vie de famille.

Comment s'étonner, dans ces conditions, que les hommes politiques qui défendent ce système économique, aient la même mentalité et s'efforcent de récupérer pour eux-mêmes quelques miettes de l'énorme gâteau qu'ils protègent pour leurs maîtres.

Alors, de temps à autre, un procès fait apparaître au grand jour une " affaire " ou une autre quand les règles du jeu communément admises n'ont pas été respectées, quand il y a eu un juge plus courageux que la moyenne, quand l'affaire ne s'est pas perdue du fait des lenteurs judiciaires, des procédures dilatoires ou des mutations de juges.

Rendre la vie politique et la vie économique plus conformes aux intérêts de toute la société, cela exigerait une totale transparence économique, c'est-à-dire la suppression du secret commercial et du secret bancaire qui ne sont des secrets que pour la population.

Et ce serait d'une importance capitale pour les travailleurs. Parce que, au-delà des petites malversations, légales ou pas, de tel ou tel homme politique, le problème essentiel qui se pose au monde du travail, c'est celui du chômage, des licenciements collectifs et autres plans sociaux à répétition, qui seraient justifiés, affirment cyniquement le patronat et les politiciens à son service, à cause de la situation des entreprises et des nécessités de la concurrence.

Pour lutter contre le pouvoir du fric, il faut rendre publiques toutes les comptabilités des grandes entreprises, de même que les comptes en banque des principaux actionnaires, de leurs proches ainsi que ceux des hommes politiques qui servent tout ce beau monde.

Ainsi tous pourraient connaître les circuits clandestins de l'argent, savoir d'où il vient, où il va et à qui il profite.

C'est de telles mesures qui permettraient de voir à quel point ces gens-là ne sont que des parasites.

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