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Israël-Palestine : Les dirigeants israéliens continuent de traîner les pieds
Les dirigeants israéliens et palestiniens se sont retrouvés à Oslo en compagnie du président américain, Clinton. Le choix est symbolique, puisque c'est dans la même capitale norvégienne que les accords de paix au Moyen-Orient avaient été signés en 1993. Depuis, l'intransigeance des dirigeants israéliens, et leur refus de faire les minces concessions promises, ont largement contribué à enliser le processus qui devait conduire à la création d'un Etat palestinien.
La défaite spectaculaire de Netanyahou en mai dernier avait pu laisser espérer aux plus optimistes un redémarrage du processus, mais bien qu'il s'y prenne autrement, le Premier ministre israélien Barak a lui aussi sa manière de faire traîner les choses en longueur.
Le nouveau sommet d'Oslo est censé donner un petit coup de pouce aux récents accords signés à Charm el Cheikh en septembre dernier, une variante des accords de Wye Plantation que les dirigeants israéliens n'ont pas respectés. Les dirigeants américains entendent faire jouer leur autorité pour qu'on cesse de faire du sur-place. Mais, malgré des échanges de bonnes paroles entre Clinton et la veuve Rabin ou de poignées de main entre Barak et Arafat, rien n'indique que la dernière version des accords connaisse un début de mise en pratique.
Qualifié par la presse israélienne d'" apprenti politique orgueilleux, avec un style qui cloche ", Barak, après son élection, n'a pas cherché plus que ses prédécesseurs à respecter les accords signés par les représentants israéliens. Il a même demandé que l'on révise, à la baisse pour les Palestiniens, le contenu des accords antérieurs. Il prétendait ainsi éviter des incidents entre colons israéliens et forces palestiniennes. En clair, il subissait à son tour la pression des colons israéliens. Comme son prédécesseur, Barak a d'ailleurs multiplié les contacts avec les quelque 144 colonies israéliennes de Cisjordanie, les rassurant sur leur sort et promettant à certaines l'annexion au territoire israélien.
En ce qui concerne l'Etat palestinien, Barak en accepte le principe à condition qu'il n'ait pas de continuité territoriale. Si les derniers accords sont finalement mis en oeuvre, après le dernier retrait de soldats israéliens attendu en février 2000, les Palestiniens ne disposeront en souveraineté complète (sous contrôle total) ou partielle (autorité civile palestinienne mais sécurité assurée par l'armée israélienne) que 41 % des territoires occupées par Israël lors de la guerre des Six Jours de 1967.
Pour les 59 % restants, il faudra encore des marchandages, en théorie jusqu'en septembre 2000, soit sept ans après la première rencontre d'Oslo. Et d'ici là, les discussions peuvent traîner en longueur et se prolonger.
Et tout cela aboutira à un Etat palestinien croupion, ne contrôlant pas entièrement la défense, les affaires étrangères, l'économie, l'eau, etc., l'Etat israélien pouvant opposer son veto au retour des Palestiniens exilés depuis 1948 ou 1967.
L'immense majorité des Palestiniens est donc invitée à rester dans les pays arabes où elle est actuellement dispersée. Quant à Jérusalem, Barak vient encore de redire dans un discours adressé aux colons israéliens de Jérusalem-Est qu'elle restait la capitale " unie et éternelle d'Israël ", sur laquelle les Palestiniens n'ont aucune autorité.
Au-delà des poses prises devant les caméras de télévision, tout indique que l'Etat israélien n'est pas décidé à restituer l'ensemble des territoires occupés, ne serait-ce que depuis 1967, et qu'il entend bien continuer à tergiverser pour que les accords, au contenu pourtant bien mince, soient le moins possible appliqués. L'approche des élections américaines devrait, sur ce plan, lui apporter un nouveau répit. L'administration américaine aura bientôt d'autres chats à fouetter que de jouer les Messieurs Bons-Offices au Moyen-Orient.
Autant dire que la population palestinienne n'a pas fini de croupir dans la misère, tandis que, de son côté, la population israélienne continuera de payer les conséquences de la politique d'un Etat incapable de sortir de la situation d'état de guerre, mi-froide, mi-chaude, qui est la sienne depuis sa création. Et tant qu'on ne sortira pas de cette situation où c'est finalement l'armée qui impose sa loi à tous, il n'y aura pas de coexistence véritable entre Israéliens et Palestiniens.