Compte-rendu des élus Lutte Ouvrière : Ligue Communiste Révolutionnaire au parlement européen05/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1634.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Compte-rendu des élus Lutte Ouvrière : Ligue Communiste Révolutionnaire au parlement européen

Le hasard des répartitions du temps de parole a fait que les députés LO-LCR ont pu s'exprimer sur des sujets allant du budget de l'Union européenne au transport de matières dangereuses, en passant par les restructurations d'entreprises, les statuts et droits des immigrés, la Banque centrale européenne, la pêche au Maroc ou le boycott de la viande bovine anglaise. Sept interventions, donc, en neuf minutes. A peine une minute pour les sujets où nous avions le plus à dire.

Dans le débat sur la proposition d'une rallonge budgétaire pour financer l'aide à la reconstruction du Kosovo, tout en affirmant qu'il fallait aider non seulement le Kosovo mais aussi la Serbie, Chantal Cauquil a demandé que l'argent soit " pris sur le budget militaire des puissances responsables des bombardements ". Elle a dénoncé le fait que " les arguments humanitaires servent surtout à dissimuler que les 500 millions destinés au Kosovo généreront du profit privé pour de grandes entreprises ".

Dans son intervention sur le transport des matières dangereuses, Alain Krivine a souligné que la puissance des lobbies chimiques et nucléaires, les exigences du marché et l'acharnement contre les services publics étaient la règle au détriment des personnels comme des populations. Il a dénoncé les privatisations et la course au profit conduisant à " des catastrophes humaines, comme on vient de le voir en Grande-Bretagne ".

A propos du renouvellement de l'accord de pêche liant le Maroc à l'Europe, il a d'abord apporté son soutien à la grève en cours dans les ports marocains et a aussi dénoncé une politique d'aide aux pays sous-développés qui n'a " permis jusqu'à présent que de maintenir des rapports néocoloniaux favorables aux pouvoirs en place et aux multinationales - dont Elf donne un exemple particulièrement éloquent ". " Il n'est pas possible, a-t-il ajouté, d'ignorer encore une fois les droits du peuple sahraoui... "

Dans le débat sur la Banque centrale européenne, Armonie Bordes s'est élevée " contre la véritable déclaration de guerre contre les travailleurs " que constitue l'objectif déclaré des dirigeants de la Banque de " réduire les rigidités du marché de travail " ainsi que contre Renault- Nissan, Alstom, Michelin, Rhône-Poulenc et Hoechst-Marion-Roussel qui suppriment des milliers d'emplois en ce moment même. Dans son intervention sur l'affaire de l'embargo de la viande de boeuf anglais, elle a dénoncé l'hypocrisie du débat où de justes arguments sanitaires, comme le principe de précaution, " servent surtout de munition dans la guerre commerciale ".

Par-delà cette variété de sujets, nous avons cherché à parler du problème le plus brûlant du monde du travail : le chômage. Un seul des vingt-quatre débats de la session y était consacré. Il avait été mis à l'ordre du jour à la suite de l'affaire Michelin. De façon significative, ce débat prévu au départ sur " la restructuration des entreprises et notamment dans la société Michelin " s'était transformé en discussion sur " la restructuration des entreprises face à la mondialisation ".

A une délégation de travailleurs de Michelin, présents dans les tribunes du public, le président de séance a rappelé avec insistance qu'ils n'avaient pas le droit d'intervenir dans le débat. Celui-ci s'est déroulé devant une salle clairsemée. Les ouvriers de Michelin ont pu entendre, assaisonnée de quelques phrases compatissantes à leur égard, une succession d'interventions vantant la compétitivité des entreprises, justifiant les restructurations et les licenciements. Ils ont pu constater que le langage tenu par la plupart de ces " élus du peuple " ne diffère guère de celui de leur patron.

Francis Würtz, le président du groupe Gauche unitaire, était un des rares, avec Arlette Laguiller, à dénoncer les licenciements et les plans de suppressions d'emplois dans les grandes entreprises. Malheureusement il s'en est tenu à la demande d'un " moratoire suspensif " et à la proposition de lois " ouvrant la possibilité, pour les représentants des salariés et, le cas échéant, pour les tribunaux, d'examiner la cause des licenciements économiques ", ce qui ne protégerait pas les travailleurs des licenciements. Si nous sommes entièrement d'accord avec la dénonciation de la " décision brutale " de Michelin, il n'en va pas de même pour cette proposition avancée par l'orateur.

L'événement ne se passe cependant pas toujours dans l'hémicycle. Schweitzer, PDG de Renault, venu tenir une conférence, a eu la mauvaise surprise, dans l'atmosphère si consensuelle du lieu, de se faire vigoureusement interpeller par Arlette Laguiller. Elle lui a demandé des comptes sur les suppressions d'emplois passées et présentes de l'entreprise. Cela ne suffira certes pas à le faire reculer : mais autant que lui et ses semblables sachent que la voix et les revendications des travailleurs se font désormais entendre aussi dans ce Parlement européen, habitué à des discussions entre gens qui, même lorsqu'ils se livrent à des joutes oratoires, défendent les intérêts du patronat.

PS : Les interventions que, faute de place, nous ne publions pas ici, le seront dans un bulletin des élus LO / LCR à paraître prochainement.

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