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Leur société
Chômage : Derrière les chiffres
Il y aurait donc 2 695 200 chômeurs fin septembre en France (3 215 800, si on compte ceux qui ont eu un petit travail le mois précédent et qui sont revenus au chômage). La presse parle de " recul spectaculaire du chômage " ou évoque le " retour au plein emploi en 2010 ". Strauss-Kahn, dans une déclaration récente, parlait, lui, d'une réduction de moitié d'ici la fin de la décennie.
On nous dit qu'il y aurait 83 600 chômeurs de moins fin septembre par rapport au mois précédent. C'est évidemment tant mieux pour ceux qui ont trouvé un travail, et beaucoup moins positif pour ceux qui ont été simplement radiés de l'ANPE, car on apprend au détour d'une phrase que le nombre des radiés a augmenté de plus de 40 % en un an ! Mais de là à trouver la situation réjouissante, c'est une autre affaire ! Qu'un travailleur sur neuf soit actuellement au chômage est un scandale inadmissible, et se contenter de l'hypothèse que le problème serait résolu dans 10 ans. Comme si ceux qui affirment cela en savaient quelque chose. Et ils savent bien qu'ils mentent. Mais cela ne les empêche pas de dire. C'est se moquer complètement de ces millions de travailleurs qui sont laissés sur le bas-côté de la société.
Et puis ce qui frappe aussi dans les affirmations des médias et des hommes politiques, c'est l'utilisation massive de la méthode Coué. Patrons et ministres répètent en choeur que nous sommes partis pour " dix ans de croissance ", et que nous allons vers " la fin du chômage ". En réalité, ils n'en savent, là encore, absolument rien. Ils veulent surtout convaincre les salariés d'attendre patiemment, sans se révolter. D'ailleurs quand on lit attentivement leurs déclarations, on constate qu'ils annoncent que le problème du chômage serait résolu dans dix ans, mais ils prévoient quand même 5 % de chômeurs en 2010, soit pas loin de un million et demi de salariés. Sans parler des simulations sur l'évolution des caisses de retraite, qui intègrent dans leur calcul le chiffre de 9 % de chômeurs en 2040 !
Nous sommes dans une société qui se dit moderne et développée. Il existe, aux mains de quelques-uns, des milliards. Trouver du travail, tout de suite, pour tous ceux qui le veulent, à plein temps, sans précarité, ne poserait aucun problème. Les tâches à effectuer sont innombrables, et les capitaux nécessaires pour créer les emplois correspondants existent bel et bien. Mais leur souci majeur n'est pas de créer des emplois, mais de valoriser leurs capitaux, et les deux choses sont contradictoires.