La catastrophe du tunnel du Mont-Blanc n'en finit pas de défrayer la chronique des scandales révoltants. Six mois après, des journaux viennent de rapporter dans quelles conditions on y a fait intervenir certaines équipes de secouristes, puis d'ouvriers de déblaiement.

Comme bien des ouvrages d'art pouvant être soumis au feu, le tunnel avait été revêtu d'amiante lors de sa construction. Ignorait-on, à l'époque, les dangers mortels que représente une exposition à l'amiante ? Sans doute pas, mais on n'en parlait guère. Aujourd'hui, en revanche, tel n'est pas le cas. Ces dangers sont amplement connus : la presse en a parlé ; des travailleurs atteints d'un cancer dû à l'amiante - ou leurs proches, car nombre en sont morts - ont attaqué les employeurs responsables de leur exposition à l'amiante ; l'utilisation de l'amiante a même été presque totalement interdite.

Or, dans ce tunnel où l'incendie avait fait exploser le revêtement de béton et mis à nu des plaques d'amiante dont des fibres se répandaient dans l'air, on a osé envoyer travailler des ouvriers - dont des intérimaires - sans les avoir prévenus et encore moins équipés pour faire face à cette situation.

Sciemment ou par inconscience, mais le résultat reste le même, on a ainsi fait prendre un risque mortel à des travailleurs. Mais, répliquent les autorités, une enquête est en cours. Comme pour l'incendie et ses dizaines de victimes, sans doute...