- Accueil
- Lutte ouvrière n°1631
- A propos des 35 heures : L'amendement Michelin, beaucoup de vent pour pas grand-chose
Leur société
A propos des 35 heures : L'amendement Michelin, beaucoup de vent pour pas grand-chose
Le débat sur la loi Aubry a commencé au Parlement, mais le texte final sera soumis au vote le 19 octobre. Les discussions sur le premier de ses articles ont confirmé les intentions du gouvernement de faire des concessions sur quelques aspects symboliques mineurs, au PCF, aux Verts et aux députés du PS, sans rien changer sur l'essentiel.
C'est le cas pour ce qu'on appelé " l'amendement Michelin ". Présenté par la députée PS du Puy-de-Dôme, il prévoit d'obliger l'entreprise à conclure un accord sur la réduction du temps de travail avant d'établir un " plan social " ou, à défaut, à engager " sérieusement et loyalement des négociations à ce sujet ". Martine Aubry ayant donné son feu vert, cet amendement a été voté par tous les députés de la majorité... sauf qu'on en voit mal l'efficacité contre les licenciements ou les suppressions d'emplois. En quoi une telle disposition peut-elle être contraignante pour des patrons comme Michelin ? " Engager sérieusement des négociations ", ils savent faire ! Et même les faire durer le temps qu'il faut pour tenter de désamorcer les premières réactions de colère des travailleurs.
La loi Aubry, avec toutes les possibilités qu'elle leur ouvre en matière de flexibilité et d'annualisation, laisse aux patrons toute latitude pour combiner licenciements et réduction du temps de travail. Tout au plus, s'ils veulent faire plaisir au gouvernement, pourront-ils dire que grâce aux 35 heures ils ont licencié un peu moins que prévu. Cela fait bien longtemps que les patrons ont appris à annoncer en matière de réduction d'emploi des chiffres un peu plus élevés que ceux qu'ils envisagent réellement, histoire d'avoir l'air d'en rabattre dans les négociations. Martine Aubry pourra se flatter, dans son bilan, d'avoir préservé des emplois grâce à sa loi. Et au pire, les patrons pourraient même se passer des financements liés au plan social, tant ils sont subventionnés par ailleurs. Car dans ce que reçoivent les patrons, il n'y a pas que les aides en cas de plans sociaux. Il y en a même de nouvelles, liées aux diminutions d'horaire, dans le cadre des 35 heures. L'amendement Michelin avalise directement les subventions en cas de suppressions d'emplois. Sans parler de ce que rapporte en hausse des actions un " coup " semblable à celui qu'a fait Michelin.
Il y a un an, Martine Aubry disait que sa première loi allait créer massivement des emplois. Les chiffres montrent qu'ils n'en a rien été. Pire, les plans de licenciements continuent. Pirelli vient d'annoncer le sien après Michelin, et la liste des usines menacées de fermeture s'allonge. Face à cela, le gouvernement voudrait aujourd'hui faire croire que la réduction du temps de travail pourrait constituer un barrage. Mais il est évident pour tous que cet amendement-gadget à une loi faite sur mesure pour le patronat ne changera rien en ce domaine. Les seules mesures efficaces, ce seraient des mesures réellement impératives pour les patrons. En premier lieu, l'interdiction des licenciements sous peine de réquisition.