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Dans le monde
Parlement européen - les députés LO-LCR : Défendre les intérêts des travailleurs
Après le cérémonial des premières séances, le Parlement européen a trouvé son rythme de croisière. Quand ils ne brassent pas simplement du vent, les députés discutent des problèmes de possédants, avec des préoccupations de bourgeois, à mille lieues des problèmes des travailleurs.
Avec la courtoise complicité des commissaires européens qui se prêtent au petit jeu des questions des députés - comme les ministres d'un gouvernement devant un Parlement national - les députés interpellent, pérorent, se félicitent et s'écoutent parler. Les commissaires prennent des notes, répondent puis font ce qu'ils veulent ou, plus exactement, ce que leurs gouvernements veulent. Les parlementaires s'efforcent surtout de déguiser les déclarations des commissaires, parfois un peu trop franches, à force d'être cyniques.
Pour ne prendre qu'un exemple, la Commission européenne justifie les aides qu'elle compte accorder aux gouvernements de Roumanie, de Bulgarie et de Macédoine en " considérant que la Roumanie entreprend des réformes économiques fondamentales et s'emploie avec détermination à mettre en place une économie de marché performante ". Après modification apportée par le Parlement cela devient: "... à mettre en place une économie sociale de marché, mais qu'il convient de veiller à ce que celle-ci crée des emplois et améliore les conditions de vie de la population. " Qu'en termes élégants ces choses-là sont dites !
Rares sont les interventions qui tranchent dans le ronronnement consensuel que ce soit lors des sessions plénières ou lors des réunions des commissions. Plus rares encore ceux qui interviennent en faveur des travailleurs.
Il semble par exemple être dans les us et coutumes de la Commission économique et monétaire de faire participer à ses délibérations des représentants de grandes entreprises, comme Fiat ou Rhône-Poulenc. Le représentant de Rhône-Poulenc a contribué au débat... en protestant contre une réglementation qui pouvait augmenter ses coûts. Mais lorsque Armonie Bordes a exprimé son indignation contre cette entreprise " qui ose se plaindre d'une réglementation qu'elle trouve trop contraignante, alors qu'on leur laisse supprimer 11 000 emplois dans le monde et fermer la moitié de leurs sites dans le cadre de la fusion en cours Hoechst et Rhône-Poulenc, alors que ces entreprises font des milliards de profits ", c'est elle, pourtant une élue, à qui la présidente a coupé la parole par un sec " Tout le monde a le droit de s'exprimer ".
Roseline Vachetta a, de son côté, dénoncé à la commission " politiques régionales, transport et tourisme ", l'autorisation de rouler le week-end pour les chauffeurs routiers, autorisation envisagée par les autorités européennes au nom du sacro-saint principe de la non-entrave à la libre concurrence. Elle a aussi affirmé le droit des travailleurs de ce secteur à deux jours de repos consécutifs par semaine et à la réduction du temps de travail.
Lorsque, à la commission environnement et santé publique, Armonie Bordes a dénoncé cette " pollution dont on parle peu... les nuisances dont sont victimes les travailleurs dans les entreprises et qui pourraient très bien être évitées si les entreprises ne faisaient pas une course effrénée aux profits, et qui a pour conséquence des maladies professionnelles... ou de nombreux morts ou des mutilations au travail ou encore une santé détériorée... " la ministre finlandaise de l'Environnement, présente, a répondu que ce n'était pas de sa compétence.
Mais la compétence de la ministre n'était pas plus grande face à la question de Roseline Vachetta dénonçant, dans la même commission, le scandale de ces médicaments qui existent mais que les trusts pharmaceutiques refusent de fabriquer car " les malades (notamment des pays du Sud) ne sont pas suffisamment solvables pour leur permettre de réaliser des profits juteux avec cette production. "
Alain Krivine, à la commission défense des libertés, a de son côté réclamé la régularisation des sans-papiers et le droit de vote pour tous les immigrés.
La venue d'une délégation des travailleurs de l'entreprise Michelin Wolber de Soissons à l'invitation des députés européens de la liste " Bouge l'Europe " a, un peu, laissé entrer l'air de la réalité dans l'atmosphère confinée du Parlement européen. Mais elle a mis surtout en évidence le décalage entre la révolte et le désespoir d'ouvrières et d'ouvriers menacés de licenciement et l'impuissance du Parlement européen.
Nous publions ci-contre les interventions de Roseline Vachetta et d'Arlette Laguiller. Il faut ajouter que c'est à notre initiative que 86 députés du Parlement européen ont signé une motion demandant au gouvernement belge de ne pas expulser la centaine de tsiganes originaires de Slovaquie piégée par la police. C'est encore à notre initiative que le groupe parlementaire GUE -NGL auquel nous appartenons a signé un appel contre l'exécution de Mumia Abu-Jamal.
Bien sûr, des interventions auraient été légitimes sur une infinité d'autres cas d'injustice ou d'oppression. Nos possibilités d'intervention restent cependant limitées à quelques minutes de parole ou à quelques lignes déposées par écrit. Notre priorité est de faire entendre au Parlement européen les revendications des travailleurs et, au-delà, d'y défendre leurs intérêts politiques sur les questions abordées. Mais nous nous ferons aussi, autant que faire se peut, les porte-voix de ceux qui font appel à nous pour exprimer leur protestation ou leur révolte contre toute oppression ou toute injustice.