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Leur société
Les patrons sous le masque de la transparence
Le départ de Philippe Jaffré, l'ex-PDG d'Elf, avec 300 millions de francs, a relancé le débat sur les stock-options.
A gauche, Strauss-Kahn a déclaré que ces sommes " dépassent l'entendement " ; à droite Madelin s'est dit indigné. Comme s'ils avaient ignoré l'existence de telles pratiques !
Ces propos donnent la mesure du débat actuel qui aboutirait, nous dit-on, à une réforme de la loi qui permettrait de faire toute la transparence sur les rémunérations des dirigeants.
Il existe déjà un décret datant de 1967, stipulant que les sociétés doivent informer annuellement de la quantité de stock-options qu'elles distribuent, de leur montant et du nombre de leurs bénéficiaires. Sans obligation claire, toutefois, de donner le nom desdits bénéficiaires. Et c'est cela que l'on se proposerait de rendre désormais " transparent ".
Dans quel but ? Faire honte aux possesseurs de stock-options ? On peut douter qu'ils y soient sensibles quand on entend le patron de l'Oréal ironiser : " Si je travaille bien, je gagnerai peut-être autant que Claudia Schiffer... et je ne vois personne pour contester les revenus de Claudia Schiffer ", ou quand Philippe Jaffré se justifie en expliquant qu'il a touché une prime de licenciement, le pauvre, comme n'importe quel travailleur mis à la porte. D'ailleurs, le patron des patrons, le baron Seillières, a annoncé son intention de rendre public le montant de ses rémunérations.
Et puis, même si une telle obligation de transparence pouvait gêner quelques-uns de ces gens-là, ils trouveraient le moyen de ne pas s'y plier.
Et nos vertueux ministres acceptent cette situation. Rendons-leur cette justice qu'ils s'indignent, ils s'en étranglent même parfois, du moins chaque fois qu'une caméra passe près d'eux. Ils nous disent que c'est intolérable. Mais ils tolèrent. Comme bien d'autres choses !