Renault-Flins : Un licenciement pour l'exemple08/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1630.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault-Flins : Un licenciement pour l'exemple

A l'usine de Renault-Flins, les responsables du département Montage viennent de licencier un jeune travailleur de Mécanique pour une quinzaine de petits retards cumulés sur... 4 ans.

Dans leur chasse aux travailleurs qui " marchent en dehors des clous ", ils n'ont rien omis, raclant des fonds de tiroir et lui reprochant jusqu'à des retards de 3 ou 5 centièmes d'heure, soit respectivement 2 minutes 18 secondes ou 3 minutes... moins que le temps nécessaire à son chef d'équipe pour remplir une fiche d'absence injustifiée.

Cette manie du fichage serait presque risible si elle n'était en fait utilisée par la direction pour se débarrasser d'un jeune ouvrier par ailleurs victime d'une maladie grave. Les gens de la direction ont eu beau feindre la surprise lors de l'entretien où ce jeune a été avisé qu'une procédure de licenciement était engagée contre lui, c'est en sachant qu'il est malade qu'ils ont maintenu leur décision de le priver de son gagne-pain.

On est même en droit de se demander si la maladie n'a pas été un facteur aggravant pour ces messieurs, qui n'en sont pas à leur premier essai de virer des travailleurs malades. Autre coïncidence, le travailleur était candidat pour un stage de perfectionnement individuel (Fongecif) et partait fin septembre. Eh bien la direction a choisi de confirmer le licenciement après son départ de l'usine, prenant ainsi le minimum de risques de provoquer des réactions.

A Flins, les jeunes embauchés de ces cinq dernières années n'ont pas droit au moindre écart. Pas de maladie, pas de retard, pas d'erreur dans le travail, sinon on risque la porte. Pour maintenir cette discipline, les patrons ont recours à tout un arsenal de contrôle. Tout est noté, enregistré dans les ordinateurs, jusqu'aux déplacements aux toilettes en dehors des pauses.

Il est courant au Montage d'entendre des chefs faire ce type de réflexion à des jeunes un peu trop remuants à leur goût : " Tu as huit retards en trois ans, méfie-toi quand même ! "

Et les licenciements comme celui de Pascal récemment sont le fait de calculs patronaux. La direction veut périodiquement faire un exemple pour faire accepter - pense-t-elle - à tous les autres ouvriers les hausses incessantes de cadences, le blocage des salaires et l'absence de perspective quant à pouvoir échapper à la chaîne.

Quelle efficacité tout cela aura-t-il ? Un jour ou l'autre, jeunes et anciens cesseront d'accepter ces méthodes et ces conditions de travail. Et la note sera lourde à payer.

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