LU (Evry, 91) : L'arnaque des " 35 heures " flexibles de la direction08/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1630.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

LU (Evry, 91) : L'arnaque des " 35 heures " flexibles de la direction

Dans la société LU (du groupe Danone) comme ailleurs, les patrons utilisent la loi Aubry pour " remettre à plat " l'organisation du travail, au détriment des salariés bien sûr. En juin dernier, la direction a dû revoir sa copie, face aux débrayages successifs, très suivis dans les diverses usines de la société. Ils ont renoncé à la remise en cause des congés d'ancienneté et d'autres primes.

Mais dans le nouveau projet, il reste l'essentiel : la flexibilité ! La direction veut imposer la possibilité de semaines travaillées... de 1 à 6 jours, soit de 0 à 48 heures. Le délai de prévenance serait de 9 jours, mais pourrait être réduit à 3 jours, " en cas de nécessité ". C'est la direction qui juge... Le calcul se ferait à l'aide d'un compteur individuel de présence ou d'absence qui établirait à combien de jours de récupération les travailleurs ont droit... Là encore, les jours de récupération sont imposés par la direction.

Aujourd'hui, la direction dit qu'elle ne reviendra pas sur la flexibilité, et promet une application site par site. Mais les salariés aussi sont déterminés, contre le travail obligatoire le samedi. A la différence de certains des délégués syndicaux centraux de la société...

Un accueil " chaleureux "

Le mardi 21 sur l'usine d'Evry, la direction a réuni les délégués syndicaux centraux. Dans l'usine, le débrayage a été suivi par l'ensemble des ouvriers. Quelques machines seulement tournaient, avec les intérimaires et surtout les chefs.

C'est à près d'une centaine que nous avons accueilli les délégués en leur faisant une haie d'honneur ! Ils ont traversé nos rangs pour se rendre dans la salle de réunion, avec des encouragements à ne pas signer l'accord.

Vers 14 heures, l'équipe de l'après-midi a elle aussi massivement débrayé, et quand nous avons appris que les délégués centraux étaient en train de signer l'accord, nous avons envahi la salle de réunion, 30 dedans, 50 en train de pousser dehors. Le DRH a alors suscité l'indignation, par son mépris, en nous demandant de sortir... pour " respecter les règles du jeu " ! Comme si nos conditions de vie et de travail étaient un " jeu ! "

Les délégués signataires de l'accord, CFTC, CGC, et FO, ont été sommés par les salariés de justifier leur signature. Ils n'ont pas répondu aux questions, pourtant essentielles, que certains ont posées : " Les semaines de 48 heures, les ferez-vous ? " ou encore : " Je dois faire garder mes deux enfants, si je travaille le samedi, c'est vous qui paierez la nourrice ? "

Mais tout cela n'a pas empêché ces délégués de signer, sous le regard des salariés. Puis de sortir, sous leurs sifflets.

Certains de ces délégués centraux se prétendent représentatifs... Mais de qui ? Ils ne peuvent même pas s'appuyer sur l'opinion des salariés d'autres sites, par exemple, car dans la plupart des usines, les débrayages ont aussi eu lieu contre l'accord ! Le plus fort, c'est le délégué central de FO de l'usine de La Haye Fouassière, près de Nantes. Il a appelé à la grève dans son usine, contre l'accord, et à Evry, il a signé !

Mais les salariés ont su montrer leur détermination, et ils savent compter sur leurs propres forces, avec ou sans représentant syndical. La direction n'a pas encore gagné la partie. Il va lui falloir appliquer l'accord site par site, et c'est une autre histoire !

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