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Leur société
Les patrons se portent bien
Près de 300 millions de nouveaux francs : c'est avec cette somme que le président d'Elf, Philippe Jaffré, va partir après la fusion d'Elf avec TotalFina. Il aurait en effet bénéficié de stock-options d'une valeur potentielle de quelque 250 millions et d'un " parachute doré " - c'est le nom de la prime de licenciement pour les PDG - de 40 millions de francs, égale paraît-il à trois ans de salaire, ce qui n'est pas mal pour quelqu'un qui est resté 6 ans chez Elf. 300 millions, cela équivaut au salaire d'un smicard, charges comprises, pendant 2 800 ans !
Interrogé à la télévision sur ces sommes exorbitantes, Jaffré n'a pas voulu parler chiffres mais estimait que tout cela n'était que justice vu les services rendus - la valeur d'Elf a été multipliée par trois, a-t-il dit, pendant sa présidence - et compte tenu du fait qu'il n'aurait pas droit... aux Assedic !
Jaffré n'est pas une exception. Un autre " démissionnaire " récent, André Lévy-Lang, patron de Paribas, à deux ans de la retraite, est parti, lui, après le succès de l'OPE de la BNP sur sa banque, avec 200 millions de francs : 150 millions de francs de stock-options et 50 millions de " parachute doré ".
De telles " retraites " dorées pour les patrons permettent une fois de plus de braquer le projecteur sur les multiples moyens dont ces gens-là disposent pour s'enrichir : stock-options, jetons de présence, primes de départ, retraites sur mesure, avantages divers, sans compter les salaires qui ne représentent d'ailleurs qu'une petite partie de leurs rémunérations.
D'après le Nouvel Observateur, qui publie les salaires bruts annuels des 36 grands patrons français parmi les plus connus, le salaire le plus élevé serait celui de Lindsay Owen-Jones, PDG de l'Oréal : 20 millions de francs par an auxquels s'ajoutent les stock-options dont il n'a pas voulu révéler la valeur mais qui est au minimum de l'ordre de 100 millions de francs puisque la valeur moyenne des stock-options des neufs principaux dirigeants du groupe est de 83,4 millions chacun, le PDG se taillant toujours la part du lion.
Et il faut tout de même remarquer que ces salaires dorés ne sont encore rien en comparaison de ce que peuvent gagner les véritable propriétaires des grands groupes capitalistes : la propriétaire de l'Oréal, la famille Bettancourt a vu sa fortune passer de 5,5 milliards de francs à 70 milliards de francs en 10 ans.
Que de telles fortunes puissent être accumulées par une toute petite minorité, alors que la misère ne cesse de s'accroître pour la majorité de la population, a de quoi choquer et révolter. D'autant plus que ce sont ces gens-là qui, en toute conscience, décident, dans le confort de leurs conseils d'administration, de fermer telle ou telle entreprise, de supprimer des emplois, de comprimer les salaires, et de réduire ainsi des millions de salariés à une vie de plus en plus dure.