Grand Paris Express : encore un accident mortel12/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2854.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Grand Paris Express : encore un accident mortel

Jeudi 6 avril, un jeune ouvrier de 22 ans est mort sur le chantier du Grand Paris Express (GPE) écrasé par la chute d’un bloc de béton.

Le maître d’ouvrage, la Société du Grand Paris (SGP), établissement public chargé de piloter le projet, a reconnu que ses prestataires ne respectaient pas assez les exigences de sécurité et a promis « de tirer toutes les conséquences de ce dramatique accident ».

Ce chantier gigantesque a déjà fait trop de victimes. Commencé en 2016, il emploie près de 8 000 travailleurs pour construire le prolongement de la ligne 14 du métro et quatre nouvelles lignes (15 à 18), soit 200 kilomètres de lignes destinées à relier les aéroports et les banlieues autour de Paris. Tout devrait être terminé entre 2025 et 2030.

Même si la SGP se vante de faire appel à des entrepreneurs locaux, les prestataires sont d’abord Vinci, Spie Batignolles, Campenon Bernard, etc., des majors du bâtiment qui, comme le dénonce au journal Le Monde le secrétaire général de la fédération du bâtiment CGT, « répondent à des appels d’offres dans des délais très courts […], n’ont plus la main-d’œuvre formée […] et vont chercher jusqu’à sept niveaux de sous-traitance ».

La SGP se targue de faire signer à ces entreprises des chartes sur la sécurité, à respecter sous peine de pénalités financières, et d’imposer un audit annuel. En réalité, elle ne contrôle pas grand-chose et cela lui sert surtout d’alibi. Entre intérim et sous-traitance, qui fournissent de 60 % à 75 % du nombre total de travailleurs, le système permet de diluer les responsabilités. D’un bout à l’autre de la chaîne, les conditions de travail, les horaires à rallonge pour tenir les délais, les semaines de six jours, la précarité, en particulier pour les ouvriers sans papiers, la cohabitation de différentes entreprises intervenant sur le même site sans toujours se coordonner, multiplient les risques.

Le résultat est là : on compte dix-huit accidents graves depuis 2020, cinq morts, entre autres par chute de matériaux et manque de protections, selon l’inspection du travail. Et ce bilan dramatique risque de s’aggraver au fur et à mesure qu’on approchera du terme des travaux fixé aux géants du bâtiment, qui pour reprendre les mots d’un responsable syndical, « continuent de sous-traiter les accidents », pour leur plus grand profit.

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