Pétrole : comment faire monter les cours12/10/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/10/2828.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pétrole : comment faire monter les cours

Le 5 octobre, les treize pays de l’OPEP, réunis avec dix autres pays producteurs de pétrole, ont décidé de réduire leur production à partir de novembre. Immédiatement, le prix du baril a grimpé dans les Bourses qui fixent le cours de l’or noir.

Les spéculateurs avaient anticipé la décision depuis plusieurs jours : ainsi le baril de Brent est passé de 85 à 98 dollars entre le 30 septembre et le 7 octobre. Toutefois, malgré la perspective de baisse de 2 % de la production mondiale, le cours du pétrole n’est aujourd’hui pas plus élevé qu’en février, avant le début de la guerre en Ukraine, après avoir subi une flambée l’amenant plusieurs fois au-dessus de 120 dollars au printemps.

La décision de l’OPEP, dont l’Arabie saoudite est le pilier, a entraîné beaucoup de commentaires, car elle va à l’encontre des pressions qu’exerce l’impérialisme américain depuis cet été pour que le cours du pétrole ne flambe pas. En juillet, ­Biden avait tâché d’influencer l’Arabie saoudite en réintégrant démonstrativement le dictateur Ben Salman dans le cercle des dirigeants fréquentables.

Biden, dont le parti affronte en novembre des élections qui pourraient lui faire perdre sa majorité au Congrès, veut éviter le ressentiment des automobilistes américains confrontés au prix record de 5 dollars le gallon d’essence (soit 1,30 euro le litre) cet été à la pompe. Les prix à la pompe ont régressé depuis, mais l’inflation est élevée aux États-Unis et, si l’essence se met à augmenter sensiblement à nouveau, le Parti démocrate risque une sanction électorale.

Plus fondamentalement, depuis une dizaine d’années les États-Unis cherchent à affaiblir le cartel des pays producteurs qu’est l’OPEP. La montée en puissance du pétrole de schiste extrait aux États-Unis leur a permis de plus que doubler leur production pétrolière en douze ans, alors que celles de l’Arabie saoudite et de la Russie ont stagné. À présent la production combinée des États-Unis et du Canada équivaut au total de celles de l’Arabie saoudite et de la Russie.

Les États-Unis, qui sont aussi les plus gros consommateurs de pétrole, cherchent à affirmer leur contrôle sur ce secteur. Ils veulent aussi sanctionner la Russie en lui imposant un prix bas d’exportation. C’est en réaction à cette offensive limitant leur marge de manœuvre que les pays de l’OPEP, la Russie et d’autres, tâchent de faire monter les cours du pétrole. Dans une économie mondiale en plein ralentissement, ils veulent éviter de sombrer, en cas de baisse importante des cours. De plus, sur l’échiquier mondial, l’Arabie saoudite veut parfois montrer qu’elle n’est pas un simple vassal de l’impérialisme américain.

Ces grandes manœuvres et chocs d’intérêts, sur fond de récession attendue qui prépare d’autres soubresauts, ne troublent pas les grandes compagnies pétrolières, qui dégagent des profits record. Mais elles en font voir de toutes les couleurs aux populations qui souffrent des à-coups d’un monde capitaliste en crise.

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