Union européenne : nouveaux adhérents malvenus

11 Mai 2022

Président jusqu’à la fin juin du Conseil de l’Union européenne (UE), Macron, le 9 mai, a clairement répondu non à l’intégration de l’Ukraine au sein des vingt-sept pays membres.

À deux reprises, le matin à Strasbourg et l’après-midi à Berlin, en compagnie du chancelier Scholz, il a renvoyé le président Zelensky dans ses buts. Ce dernier aura dû se contenter d’avoir vu la tour Eiffel et la porte de Brandebourg habillées de jaune et de bleu. Il aura aussi pu entendre que l’Ukraine est « membre de cœur de [leur] Europe », mais que, pour entrer dans l’Union proprement dite, il lui faudrait attendre « plusieurs décennies ».

La France de Macron reste en bonne place au tableau des puissances occidentales à la remorque des États-Unis, de la Grande-Bretagne et du Canada, membres de l’OTAN et principaux pourvoyeurs d’armes à l’Ukraine, mais cultive une posture particulière. Macron se targue de conserver le contact téléphonique avec Poutine, et tarde à se montrer à Kiev, malgré les invitations réitérées de Zelensky. Outre le souci, partagé par les autres dirigeants impérialistes, de « ne pas entrer en cobelligérance », Macron, au nom du Conseil de l’UE, cherche à ne pas apparaître comme trop provocateur vis-à-vis de la Russie de Poutine.

En réalité, la question de l’entrée de l’Ukraine dans l’UE n’est plus depuis longtemps qu’un thème de propagande, destiné à faire passer l’idée que cette dernière serait le havre de la démocratie et de la prospérité désirées par les Ukrainiens, au contraire de ce qu’ils peuvent attendre de la Russie. En fait, les dirigeants de l’UE ne veulent pas de cette adhésion, qui impliquerait des contreparties. Cependant, claquer carrément la porte sur les doigts de Zelensky ferait mauvais effet dans les circonstances actuelles et il faut donc éviter de le faire trop bruyamment.

L’Ukraine devra donc attendre aux portes de l’UE, tout comme c’est le cas, par exemple, de la Turquie depuis longtemps, mais, dit-on, une « procédure accélérée pour accéder au statut de candidat » est en voie d’élaboration. Elle sera donc admise dans une sorte d’antichambre longue durée, une « communauté politique européenne », inventée il y a plus de trente ans par Mitterrand et exhumée par Macron. Avantage, cela pourrait être proposé à d’autres candidats peu souhaités comme l’Albanie.

L’UE, et surtout le duo franco-allemand, a ses propres affaires à régler, sans s’encombrer de nouveaux membres, potentiellement gênants. Le gouvernement ukrainien pourra remballer ses promesses à sa population, et se contenter des missiles et des canons dont Macron et ses acolytes occidentaux ne sont pas avares.

Viviane LAFONT