Université du Havre : une dégradation continue14/10/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/10/2724.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Université du Havre : une dégradation continue

L’université du Havre, qui est une petite structure avec à peine 8 000 étudiants, a perdu 40 postes d’enseignants en quelques années, essentiellement par le non-remplacement des départs en retraite.

Le résultat est une diminution de l’offre de formation, se traduisant par des diplômes où l’on ne fournit que 80 % des enseignements normalement dus.

La direction n’embauche pratiquement plus que des contrats précaires et elle ose proposer à des contractuels, à l’issue de leurs trois années réglementaires, de continuer à enseigner en se déclarant autoentrepreneurs ! Le 24 septembre, des salariés ont dénoncé cette précarité croissante, lors d’un débat public entre deux candidats à la présidence de l’université. L’un comme l’autre ont répondu que la solution serait de réduire encore l’offre de formation. Ils allaient d’ailleurs dans le sens de la nouvelle loi de programmation pour la recherche (LPR), fortement contestée dans les milieux universitaires et qui prévoit, pour les dix ans à venir, d’embaucher les chercheurs uniquement pour des contrats de quelques années.

En outre, suite à la réforme de la taxe d’apprentissage entrée en vigueur en janvier 2020, les organismes d’enseignement supérieur publics, comme l’IUT, ne recevront plus 23 % mais seulement 13 % de cette taxe, qui est prélevée sur la masse salariale des entreprises. Concrètement, au Havre, alors que l’ensemble des ressources extérieures de l’IUT s’élevait à environ un million d’euros en 2019, presque un tiers de cette somme va disparaître à cause de cette réforme.

En revanche, l’enseignement supérieur privé, plébiscité par la plupart des politiciens locaux, a vu sortir de terre en un rien de temps un magnifique campus abritant une cité du numérique et la nouvelle école de management. De grandes entreprises privées, comme Total, ouvrent également leur centre de formation parce que la fiscalité les y encourage.

Les patrons de la zone industrielle et portuaire puisaient déjà depuis des années dans le vivier des formations publiques sans vraiment payer pour les enseignements, mais maintenant ils ne payent plus rien non plus pour rémunérer les apprentis : les jeunes travailleurs qu’ils embauchent en contrat d’alternance avec l’IUT ne touchent que 660 euros par mois, qui sont intégralement payés par l’État.

Castex peut bien dire que le gouvernement mise sur la jeunesse et l’apprentissage, on voit surtout avec quel cynisme il démolit l’enseignement public et le subordonne de toutes les manières aux intérêts des capitaux privés.

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