Mecafi - Châtellerault : une fin de grève orchestrée14/10/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/10/2724.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Mecafi - Châtellerault : une fin de grève orchestrée

Les salariés de la société de sous-traitance aéronautique Mecafi ont mis fin jeudi 8 octobre au mouvement de grève et de blocage des trois sites de Châtellerault qu’ils avaient entamé le 21 septembre. Mais pour arriver à ses fins, le patron a employé les grands moyens.

Le président du groupe Nexteam, propriétaire de Mecafi depuis juillet 2018, était venu sur place le matin même pour participer, avec les syndicats, à la sixième journée de négociations sur les conditions du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) annoncé dans l’entreprise et qui devait être finalisé pour le 20 octobre. Il arrivait avec quelques propositions revues à la hausse : 211 licenciements au lieu de 242, une prime de départ volontaire de 8 000 euros, les indemnités supralégales de 10 000 euros pour les plus de 50 ans, 7 500 euros pour ceux qui ont moins de deux ans d’ancienneté, et 150 euros par an en plus pour les plus anciens.

Mais surtout, la direction avait pris soin de préparer sa venue en assignant la veille au tribunal une trentaine de grévistes, avec la possibilité d’une astreinte de 1 500 euros chacun par jour de blocage. En outre, dès le début de matinée les grévistes avaient pu constater une présence nombreuse des cadres et non-grévistes, appelés par la direction à être présents ce jour-là en prévision du vote.

En début d’après-midi, immédiatement après l’explication des nouvelles mesures proposées par le patron, un vote à main levée a été proposé, contesté par certains grévistes qui demandaient plus de temps pour réfléchir et pouvoir étudier eux-mêmes les propositions. De plus, la direction avait conditionné l’acceptation de ces propositions au fait que les trois sites soient débloqués afin de permettre l’expédition des commandes bloquées depuis près de vingt jours.

Alors, sous la pression des délégués de la CFDT, mais sans que la CGT ne s’oppose à ce chantage patronal, les représentants au comité social et économique (CSE) se sont exécutés et ont proposé un nouveau vote à bulletins secrets, en acceptant également la participation des non-grévistes qui de manière virulente, insistaient pour que le vote se fasse immédiatement, malgré l’absence de nombreux travailleurs du site à ce moment-là.

Après plus d’une heure d’oppositions verbales à la limite de l’affrontement direct, entre grévistes et non-grévistes, finalement sur les 288 votants présents (58 % des effectifs de l’entreprise), 158 se sont positionnés pour le déblocage, 123 contre et 7 se sont abstenus.

De nombreux travailleurs n’ont pas manqué d’exprimer leur colère face aux manœuvres du patron. Sa hâte à mettre fin à la grève montrait qu’elle était bien le moyen de pression des travailleurs pour le faire reculer davantage. Au-delà de l’amertume à l’égard de ceux qui ont cédé au chantage, c’est aussi cette conscience et cette colère qui sont partagées par ceux qui ont participé à la lutte.

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