Dans le monde

Éthiopie : répression et manipulations monétaires

Dans le dernier numéro de leur journal Le pouvoir aux travailleurs, nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI) dénoncent la situation en Éthiopie.

Après l’assassinat du chanteur populaire oromo, Hatchalu Hundessa, survenu le 29 juin dernier, ­Addis-Abeba a été le théâtre de manifestations importantes réprimées violemment par l’armée et la police. Il y a eu plus de 200 morts. Autant les autres années les forces de répression étaient plus prudentes de peur de se laisser déborder, autant à l’heure actuelle, le Premier ministre, Abiy, lui-même issu de l’ethnie Oromo, a les coudées franches pour réprimer les manifestations d’une manière directe. On peut dire qu’il a réussi à imposer le calme dans les rues des grandes villes, dont Addis-Abeba, et est de ce fait en train d’améliorer sa cote de popularité.

Depuis un mois, le gouvernement a procédé au remplacement des coupures de la monnaie nationale actuelle, le birr, par des coupures de modèle différent. Les anciennes coupures ne seront plus valables au-delà de la fin du mois de novembre 2020. En procédant ainsi, le gouvernement d’Abiy prétend qu’il veut « lutter contre le financement d’activités illégales, la corruption et la contrebande ». C’est une vieille revendication de l’Association des banquiers éthiopiens, qui se plaint de ne pas avoir assez de liquidités du fait que, toujours selon elle, 113 milliards de birrs, soit 2,6 milliards d’euros, se trouveraient aujourd’hui hors du circuit bancaire.

En fait, c’est le dirigeant de l’État du Tigré qui est surtout visé car il est soupçonné par le pouvoir fédéral de détenir un « trésor de guerre » en liquidités. Dans le pays, c’est connu de tout le monde. Le but de l’introduction des nouveaux billets de banque serait donc de démonétiser ce trésor de guerre. Cette décision a contribué à relever la popularité d’Abiy dans le reste du pays. Cela dit, il faut savoir qu’en Éthiopie ou en Afrique en général et dans bien d’autres pays du monde, les hommes au pouvoir se servent dans les caisses de l’État pour leur compte personnel et ont l’habitude de déposer leurs fortunes dans des lieux plus sûrs, en Europe ou dans les paradis fiscaux.

Pour les travailleurs des villes et des campagnes, tout cela ne changera rien à leur situation. Ni Abiy ni les nouvelles coupures du birr ne régleront leurs problèmes. Par contre les prix des denrées alimentaires ont subi une forte augmentation. Cela crée un mécontentement et souligne une fois de plus la nécessité pour les travailleurs d’avoir leur propre organisation pour lutter et défendre leurs intérêts.

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