Banques : les chemins de la spéculation14/10/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/10/2724.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Banques : les chemins de la spéculation

Lundi 21 septembre, les plus grandes Bourses du monde ont tangué et chuté de 3 à 4 %, leur plus grosse chute depuis trois mois. Selon les commentateurs, c’est la crainte d’une deuxième vague du Covid-19 et de nouvelles mesures de confinement qui a inquiété les spéculateurs.

Les actions des grandes banques ont particulièrement dégringolé ce jour-là, à cause des révélations sur leur rôle dans le blanchiment d’argent sale, au moins 2 000 milliards de dollars en moins de vingt ans. Mais derrière ces causes immédiates, il y a en toile de fond le contexte économique très instable de la crise et ses développements.

Au cœur du système financier, les banques ont été inondées d’argent mais n’en sont pas moins dans une situation critique. En juin dernier, quand les pays européens sont sortis du confinement, la Banque centrale européenne leur a prêté une somme totale de 1 300 milliards d’euros à un taux négatif de -1 % sur trois ans.

Selon les discours officiels, les banques devaient ensuite prêter ces sommes aux entreprises pour empêcher les faillites. En France, 600 000 entreprises de toute taille ont reçu au total 120 milliards d’euros de prêts. Mais les banques ont aussi refusé beaucoup de demandes de prêts. Empruntées à la BCE, les énormes quantités d’argent ont été replacées notamment auprès des États. L’ensemble des banques européennes ont ainsi acheté pour plus de 210 milliards d’euros de titres de dettes d’États.

Les entreprises qui ont pu bénéficier des prêts, elles, n’ont pour la plupart pas utilisé cet argent pour investir, l’avenir étant beaucoup trop incertain. Beaucoup ont préféré redéposer ces sommes dans les banques pour les faire fructifier. En six mois, 134 milliards d’euros supplémentaires ont été redéposés par les entreprises dans les banques françaises. Au final, l’argent injecté par la BCE est donc resté dans la sphère financière. Il a alimenté la spéculation et a fait remonter les cours des Bourses après leur chute au début de la crise sanitaire.

Dans tout ce processus, les entreprises et les banques se sont encore plus endettées qu’avant la crise du coronavirus. Beaucoup d’entreprises, au bord de la faillite, ne pourront pas rembourser les banques, qui risqueront à leur tour la faillite. Et c’est la raison principale de la chute de leurs cours et de ceux d’autres organismes financiers comme les sociétés d’assurance. En France, les actions de BNP et AXA ont reculé de 30 % et celles de la Société générale de 60 %. Mais un effondrement des banques signifierait une paralysie totale du système financier, comme cela s’est produit après le krach de 2008.

L’argent déversé par la Banque centrale européenne, en principe pour relancer l’économie, est donc loin d’être allé à des investissements productifs. Les banques et les grandes entreprises considèrent que les capacités de production sont déjà trop importantes, non pas par rapport aux besoins de la population, mais par rapport au marché solvable. Des sommes gigantesques affluent donc vers la spéculation, ce qui permet à la bourgeoisie de poursuivre son enrichissement. Le reste de la population, lui, ne fait que s’appauvrir, tandis que la société est de plus en plus menacée par une crise financière aux conséquences dévastatrices.

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