Amazon : développement tentaculaire et parasitaire14/10/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/10/capture-d_c3a9cran-2018-03-07-c3a0-20-09-311-2.png.420x236_q85_box-0%2C72%2C660%2C444_crop_detail.png

Dans les entreprises

Amazon : développement tentaculaire et parasitaire

Le chiffre d’affaires d’Amazon a plus progressé en quelques mois de confinement que lors des dix années précédentes cumulées. En France, durant la même période, le nombre de ses clients a augmenté de 2,4 millions. Et les projets fusent.

Illustration - développement tentaculaire et parasitaire

Un énorme entrepôt est en construction près de Metz. Il sera plus grand que la dernière plateforme logistique ouverte il y a à peine un an, celle de Brétigny-sur-Orge. Huit à dix autres projets sont en cours dans plusieurs régions. Et près de Nantes, Amazon vient d’annoncer la construction d’une « méga-plateforme logistique » : elle totalisera 185 000 m2 sur quatre étages, 2 500 employés, un trafic quotidien de 220 camions et 3 200 autres véhicules.

Mais les sources du développement et de l’enrichissement de ce groupe datent de bien avant le coronavirus. Amazon et les autres transporteurs privés et spécialistes de la logistique, n’ont pas créé un nouveau service, ils se sont accaparé, avec la complicité des États, un marché déjà existant : celui des colis postaux.

Apporter des produits aux clients rapidement, voire du jour pour le lendemain, les PTT puis La Poste, qui avaient des centres de tri sur tout le territoire, s’en chargeaient, aidés aussi de la SNCF. Amazon s’est développé sur le champ de ruines de leur démantèlement. En vingt ans, La Poste a fermé une centaine de centres de tri (130 en 2002 contre 29 PIC – plateforme industrielle courrier – aujourd’hui) et supprimé 70 000 emplois.

Quant aux entrepôts modernes du groupe, ils lui permettent d’employer une nouvelle main-d’œuvre jeune, peu qualifiée et sous-payée. Dans l’entrepôt de Brétigny-sur-Orge, les étagères contenant les produits sont robotisées et se déplacent toutes seules pour venir aux opérateurs qui manipulent tous les colis à la main. Les 3 000 employés viennent de toute la région parisienne avec parfois des heures de trajet quotidien au total pour se rendre sur le site. Plus des trois-quarts sont des intérimaires. Les équipes de nuit travaillent huit heures en alternant une semaine de cinq nuits, une autre de six, pour un salaire de 1 700 euros net par mois.

Amazon s’étend. Le groupe exploite désormais 850 000 personnes dans le monde. Le cours de son action, dopée par la spéculation, atteint des sommets, son actionnaire principal, Jeff Bezos, est un des hommes les plus riches de la planète. Mais où est le progrès pour la société ? Ce qui était un service public a été offert à des entreprises privées. Les consommateurs n’y trouvent pas toujours leur compte. Cette grande réussite capitaliste n’en est une que pour quelques gros actionnaires et aussi beaucoup de boursicoteurs qu’elle a enrichis.

Partager