Toujours plus de murs face aux migrants27/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2704.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Toujours plus de murs face aux migrants

La crise du coronavirus s’est traduite pour les réfugiés en Europe par une montée des périls. Au lieu de venir en aide aux plus exposés à l’épidémie du fait des conditions de vie et des difficultés du périple, les gouvernements européens s’acharnent à faire du monde une planète sans visa, rendant la vie de tous de plus en plus difficile.

Le gouvernement anglais a mis en place depuis le mois de mai une opération baptisée « Sillath », qui s’appuie sur la législation européenne sur les migrations pour refouler en France de façon systématique les migrants qui parviennent à traverser la Manche. Cela se fait en collaboration avec le gouvernement français, qui n’est pas en reste.

Ainsi François Guennoc, le vice-président de l’association l’Auberge des migrants à Calais, dénonce une intensification pendant le confinement de la politique d’intimidation envers ses bénévoles de la part de la police à Calais ou Grande-Synthe. Celle-ci a pris appui sur les restrictions dues au Covid-19 pour multiplier amendes et gardes à vue. Cela explique en partie l’augmentation du nombre de ceux qui tentent au péril de leur vie la traversée de la Manche sur des embarcations de fortune.

D’après l’État anglais, plus de 1 200 personnes ont réussi la traversée depuis fin mars, contre environ 2 500 pour l’ensemble de l’année 2019. Ce serait en partie dû au fait qu’il n’est plus tellement possible de se cacher dans des voitures ou des camions à cause du confinement. Mais il semblerait que ce soit aussi le cas en Méditerranée, où 1 100 personnes ont tenté la traversée en avril 2020, deux fois plus qu’en avril 2019, d’après l’Observatoire international des migrations.

Il est évident que les raisons de prendre ces risques n’ont pas diminué. Lorsque des régions entières du globe sont transformées en enfer par les guerres et la misère que ce système génère, il n’y a guère d’autre possibilité que de chercher à survivre ailleurs. Les camps de réfugiés dans le monde n’ont jamais été aussi nombreux et invivables.

La seule réponse de l’Europe prétendument démocratique est de renforcer encore et toujours sa politique de répression et de refoulement. Désormais, la police maritime de Malte peut renvoyer quelqu’un en Libye avant même qu’il pose le pied sur l’île. Et cela tout en sachant que les migrants y sont soumis à la torture par les groupes armés alliés des gouvernements européens.

Face à la menace du Covid-19, les frontières ont été présentées partout, et en dépit de toute réalité médicale, comme un moyen de protéger les populations. En Italie, la Ligue, le parti d’extrême droite, se sert de la peur du coronavirus pour dénoncer l’accueil des migrants qui accostent sur les côtes italiennes, mais aussi les demandeurs d’asile en général. Elle fait des émules dans de nombreux pays, même s’ils sont là depuis longtemps.

Les frontières érigées comme des remparts et l’Europe hérissée de barbelés, voilà le visage qu’offre le continent aux plus pauvres.

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