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Dans les entreprises
Renault : une attaque que les travailleurs devront stopper
Les patrons de Renault semblent désireux d’être les premiers… à lancer l’offensive contre les travailleurs. Ils ont, depuis le 19 mai, laissé filtrer leurs intentions de fermer les usines de Dieppe, Choisy-le-Roi, la Fonderie de Bretagne dans le Morbihan, et, plus ou moins vite, de s’en prendre à l’usine de Flins qui pour l’instant produit les Zoe électriques et les Nissan Micra. 4 000 emplois seraient également menacés dans les bureaux d’études .
L’attaque était prévisible et pour ainsi dire annoncée. La remplaçante de Ghosn, l’ex-PDG en fuite, avait tranquillement prévenu que les dirigeants se préparaient à économiser deux milliards d’euros. Sur l’exercice 2019, ils affichaient, pour la première fois depuis des années, une perte de 141 millions. Faire payer les salariés, à commencer par les intérimaires et les travailleurs de la sous-traitance, était leur réflexe naturel de capitalistes.
En annonçant ses résultats financiers au cours du premier trimestre, Renault n’entendait pas pleurer sur son sort et s’enorgueillissait même de disposer encore de 10,3 milliards d’euros de liquidités pour son activité automobile. Mais les dirigeants du groupe annonçaient qu’ils ne verseraient pas les dividendes prévus. De toute évidence, ils craignaient de se laisser distancer dans la concurrence et ils voulaient restaurer une profitabilité suffisante. Même si leurs propres statistiques montrent que le nombre de voitures produites par chaque travailleur augmente – chacun le ressent dans ses muscles et ses tendons -, les patrons de Renault ont décidé de restructurer la production, quitte à supprimer des emplois et même fermer des usines.
Les annonces de fermetures, même présentées comme des rumeurs, ont pourtant surpris les travailleurs. À Flins, notamment, même si tous savaient qu’aucun nouveau véhicule n’était programmé depuis la fin de la production de la Clio, l’annonce a fait l’effet d’un électrochoc. Beaucoup refusaient d’y croire, d’autant plus que depuis la reprise, fin avril, la direction n’avait cessé de pousser à la production, quitte à mettre les travailleurs en situation de ne pas pouvoir appliquer les règles de distanciation et les fameuses mesures barrières qu’elle avait édictées. Quelques jours après la reprise, la cadence avait atteint et même dépassé celle d’avant le confinement. La direction voulait des Zoe et encore des Zoe. Les quelque 4 000 travailleurs de l’usine, tous contrats confondus, sont priés de continuer à produire du profit.
Les travailleurs, nombreux, pressurés et exploités comme ils le sont sur le site, ont donc encore du mal à se convaincre que les dirigeants de Renault soient vraiment décidés à les priver de leur gagne-pain. Le gouvernement, en annonçant le prêt garanti de 5 milliards au constructeur, n’a pourtant exigé aucune contrepartie, alors que l’État est actionnaire à 15 % de Renault ; le ministre de l’Économie s’est même défendu d’intervenir contre le droit sacré de Renault à sabrer comme il le veut dans son outil de production, les usines. Le décor est planté pour d’hypocrites jeux de rôle entre patrons de l’automobile et gouvernement, faux espoirs savamment distillés et promesses non tenues.
Il reste aux travailleurs à se battre pour imposer qu’aucun emploi ne soit supprimé, quel qu’en soit le statut, que tous les salaires soient maintenus. Du travail, il y en a, ils devront imposer qu’il soit réparti entre tous. Si la fameuse profitabilité en pâtit, tant pis : que les dirigeants de Renault et les actionnaires prennent sur les 24 milliards d’euros de profits accumulés, aux dépens de la santé et des loisirs des travailleurs, pendant les dix années précédentes !