Automobile : plan d’urgence pour le profit27/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2704.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Automobile : plan d’urgence pour le profit

Mardi 26 mai, Macron, en visite dans une usine Valeo du Pas-de-Calais, a annoncé de nouveaux cadeaux au patronat. Sous prétexte de difficultés pour la filière automobile, l’État va débourser en tout huit milliards d’aides diverses aux patrons de ce secteur, ce qui revient à dire en priorité aux trusts que sont Renault et PSA.

Afin de préparer le terrain, la presse s’était fait l’écho des pleurs des patrons de l’automobile pour les plus de 80 % de chute des ventes en ce début d’année. Les ventes n’ayant pas eu lieu durant cette période de confinement, près de 400 000 véhicules sont sto­c­kés et ces invendus font faire des cauchemars aux capitalistes car c’est de l’argent immobilisé donc perdu. Les trusts vont donc connaître des baisses de leur chiffre d’affaires, mais outre le fait que ce n’est pas aux travailleurs de payer en perdant leur emploi et donc leur seul moyen de vivre, ces capitalistes ont les reins solides et peuvent largement affronter cette crise.

Depuis plus de quinze ans, les ventes de voitures augmentent, par exemple pour PSA qui bat record sur record chaque année. Les baisses d’effectifs ont aussi permis aux patrons de faire des gains de productivité qui se sont traduits en milliards de profits. Renault dont les ventes ont été plus chaotiques a quand même accumulé 24 milliards de profits en dix ans. PSA a engrangé de son côté 10,8 milliards d’euros de bénéfices en cinq ans.

Dans le reste de la filière, en dehors de quelques trusts équipementiers comme Valeo ou Faurecia, bien des sous-traitants sont en fait déjà complètement étranglés par les grandes marques, les donneurs d’ordres. Donc même si une partie des huit milliards servaient à leurs entreprises, les constructeurs automobile sauraient récupérer ces sommes en jouant sur le prix des pièces.

Le chantage à la faillite ne date même pas du confinement. En novembre 2 019, le président de la plateforme de la filière automobile, Luc Chatel, ancien ministre, expliquait que la filière « ne survivra pas sans un plan d’urgence ». Pour le passage à la voiture électrique, les patrons exigeaient que l’État les aide en mettant la main à la poche.

La crise sanitaire venant renforcer leurs exigences, Macron s’est exécuté. Il promet de nouvelles primes pour les acheteurs de voitures neuves, qu’elles soient électriques, hybrides ou même diesel, et la construction des bornes électriques à la charge de l’État. Il met sur la table des centaines de millions pour les investissements nécessaires afin que les chaînes de production se modernisent et que la fabrication de batteries électriques s’intensifie. Car même pour faire fructifier leur capital, les capitalistes ne veulent pas débourser les sommes nécessaires.

En échange, les patrons n’ont même pas à s’engager à conserver les emplois. Dans son discours Macron n’a pas évoqué le sort des travailleurs des usines Renault de Flins, de Dieppe, de Choisy-le-Roi ou de la Fonderie de Bretagne. Quant aux promesses de relocalisations, elles ne veulent rien dire pour les travailleurs. En effet, cela ne signifie même pas que les emplois seront maintenus mais que les patrons trouveront de nouvelles sources de profits.

Pour défendre leur emploi et donc leur peau, les travailleurs ne doivent compter ni sur Macron ni sur aucun gouvernement. C’est en combattant pour imposer que les grands capitalistes prennent sur leurs fortunes qu’ils pourront sauver leurs emplois.

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