Urgences hospitalières : à l’image d’une société en crise04/09/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/09/2666.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Urgences hospitalières : à l’image d’une société en crise

Après une douzaine de fermetures ces dernières années, il n’existe plus que 474 services d’urgences publics en France. Plus de la moitié sont en grève depuis près de six mois, tout en continuant à assurer les diagnostics et les soins des 21 millions de malades qui font appel à eux dans l’année.

La ministre de la Santé, Buzyn, avait promis en juin le déblocage de 70 millions d’euros, consistant en une prime de 100 euros pour les soignants et 15 millions destinés à l’embauche de personnel en renfort pendant l’été. Cette somme a été jugée insuffisante par le personnel mobilisé et le mouvement a continué de s’étendre.

En cette rentrée, pour désengorger les Urgences, Buzyn propose la mise en place de « filières d’admission directe » pour les pensionnaires de maisons de retraite, avec incitation financière aux établissements qui feraient eux-mêmes diagnostic et transfert. En écho à la télémédecine, il pourrait aussi s’instaurer des « vidéo-assistances » entre Ehpad et Samu, permettant, selon la ministre, d’éviter des hospitalisations pour des pathologies bénignes. Buzyn envisage de permettre au personnel paramédical des Urgences de faire des « gestes » médicaux comme prescrire une radio ou faire une suture, dédommagés par une prime de « coopération » mensuelle de 80 euros. Son projet de diplôme d’infirmier « de pratique avancée » ne se traduira en effet concrètement qu’en… 2022.

La ministre ressort même de la boîte à idées les « gestionnaires de lits » qui auraient pour tâche de gérer informatiquement et en temps réel la misère. En aval des Urgences, en effet, il y a le manque de lits d’hospitalisation – des dizaines de milliers supprimés en dix ans – faute de personnel et non faute de malades potentiels. Des médecins urgentistes s’indignent depuis longtemps de devoir prendre du temps pour trouver un service d’hospitalisation, un lit.

Saupoudrer des primes ne répond pas à l’exigence de 300 euros par mois supplémentaires que réclame le personnel gréviste. Pas davantage à l’arrêt de la fermeture de lits qu’il exige, ainsi qu’à l’embauche des 10 000 travailleurs hospitaliers nécessaires. Sa prochaine rencontre avec des représentants du personnel des Urgences, à défaut de faire changer de position la ministre d’un gouvernement mandaté pour continuer à économiser sur la santé publique, risque de faire grimper d’un cran la colère.

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