Dans les entreprises

Ex-Whirlpool-Amiens : la rage des salariés

Le tribunal de commerce d’Amiens a statué mardi 29 juillet sur le sort des derniers travailleurs de l’ancienne usine de sèche-linges Whirlpool. 44 d’entre eux seront repris par le fabricant de mobilier Ageco, 138 sont à la rue. L’usine Whirlpool avait un effectif de près de deux mille travailleurs à une époque !

Entre les deux tours de l’élection présidentielle, les manifestations des salariés de Whirlpool attiraient l’attention des médias. Marine Le Pen et Emmanuel Macron s’étaient alors déplacés sur le parking de l’usine pour faire des promesses. Macron a donné l’illusion de tenir la sienne, avec la complicité d’un repreneur véreux, Nicolas Decayeux. Ce petit industriel local et président du Medef de la Somme a créé pour l’occasion la société WN, touchant 10 millions entre l’argent public et celui que Whirlpool devait au titre de la réindustrialisation du site. 160 des 280 anciens salariés étaient ainsi repris, pour assembler des voitures sans permis et des casiers réfrigérants.

En un an, quatre voitures ont été assemblées et autant de casiers, sans que rien ait été vendu. Pour occuper le personnel et continuer à maintenir la fiction d’un avenir de l’usine, des stages de formation étaient organisés : stage de lecture de plan, formation sur les écrous et les boulons, et même un stage sourire pour apprendre à accueillir agréablement dans l’usine d’éventuels clients, animé celui-là par une directrice commerciale qui ne souriait jamais à personne et fuyait les regards lorsqu’elle descendait dans les ateliers où on l’interrogeait sur l’absence de travail.

« On a été trop naïf. On nous a fait des belles promesses et puis, un coup de balai ! », résumait un des ouvriers. « Macron est venu, on est dans la rue », « Honte au président du Medef, financier véreux », « Whirlpool nous a lessivés, WN nous a essorés », dénonçaient les banderoles lors d’une manifestation devant le tribunal de commerce vendredi 26 juillet.

Ceux qui étaient partis avec le plan social il y a un an ont eu un sursis de deux années de formation payées par Whirlpool. Pour ceux licenciés par WN, c’est Pôle emploi directement. Certains demandaient la démission de Nicolas Decayeux de la présidence du Medef, mais le moins que l’on puisse dire est qu’il s’est montré parfaitement à la hauteur de ce repaire de brigands.

La secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher est venue à Amiens annoncer mi-juillet les résultats de l’audit sur l’utilisation de l’argent public donné à WN et rassurer sur sa bonne utilisation... mis à part la destination inexpliquée de 179 000 euros et des dépenses inadéquates au vu des résultats de l’entreprise (une loge privée au Parc des Prince à 15 000 euros, des cadres recrutés pour un salaire mensuel avoisinant les 16 000 euros, alors que les salariés avaient accepté une baisse de leur rémunération de 15 %). Un peu tardif, un an après et alors que l’usine ferme !

Le gouvernement a tout simplement magouillé pour faire croire qu’il était capable de maintenir les emplois. Croit-il qu’il pourra toujours tromper les ouvriers avec sa poudre de perlimpinpin ?

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