Leur société

Mort de Zineb Redouane : les mensonges de la police

Dans l’affaire Zineb Redouane, la dame de 80 ans décédée le 3 décembre 2018, deux jours après avoir reçu une grenade lacrymogène en plein visage à Marseille, une deuxième autopsie relance les suspicions d’enquête bâclée et de dissimulation de la part des autorités françaises.

Faite en Algérie, où le corps a été rapatrié, elle conclut à la responsabilité de la grenade dans l’arrêt cardiaque survenu sur une table d’opération, alors que l’autopsie faite en France évoquait aussi un œdème pulmonaire et ne se prononçait pas sur la cause.

La dame âgée fermait ses volets au 4e étage d’un immeuble au pied duquel des policiers tiraient des grenades contre des gilets jaunes. Consciente, malgré son visage multifracturé et en sang, elle a immédiatement dit à sa fille et à une voisine qu’un policier l’avait regardée et visée.

Cinq policiers et leur chef ont été entendus en janvier, sans même être mis en garde à vue. Ils ne reconnaissent aucun tir tendu de grenade. Certains, dont le brigadier-chef, disent ne pas se souvenir d’avoir tiré. Deux d’entre eux, interrogés le même jour à des heures différentes, ont fait des déclarations si proches qu’elles suscitent le soupçon d’une entente sur les réponses. Leur capitaine a refusé de donner leurs armes pour les faire expertiser, sous prétexte qu’elles auraient manqué dans les opérations de maintien de l’ordre suivantes. Bizarrement, d’après la police des polices, la caméra de surveillance la plus proche est la seule du quartier à ne pas avoir fonctionné.

La famille de la victime a déjà déposé deux plaintes, une pour faux en écriture publique aggravé, une autre pour dissimulation de preuve, et une demande de dépaysement de l’affaire. Après un premier avis défavorable, cette dernière vient d’être acceptée fin juin par la cour d’appel d’Aix-en-Provence, au motif qu’un vice-procureur de Marseille, ensuite chargé du début de l’enquête, était sur place, auprès de forces de l’ordre, le soir du tir de grenade. Or cela, les autorités le savaient dès le début, puisque le procureur de Marseille avait donné son accord, et l’IGPN avait recueilli l’information dès janvier 2019. Si la vérité éclate un jour, la famille ne le devra qu’à son obstination.

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