Cour des comptes : les chômeurs encore visés20/03/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/03/P6_Travailleurs_acrobates_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C44%2C385%2C261_crop_detail.jpg

Leur société

Cour des comptes : les chômeurs encore visés

La Cour des comptes vient de rendre publique une lettre recommandant au gouvernement de restreindre encore davantage les droits à l’indemnité chômage des travailleurs les plus précaires.

Illustration - les chômeurs encore visés

Depuis 2013, le système de l’activité réduite permet à une personne d’être inscrite à Pôle emploi tout en ayant encore une activité. Elle peut alors, sous certaines conditions, cumuler un salaire avec l’allocation correspondant à un des emplois qu’elle a perdus. C’est par exemple le cas des assistantes maternelles quand elles perdent la garde d’un enfant. Mais la Cour des comptes les suspecte alors de « stratégie d’optimisation », en profitant de l’absence de « plafond applicable aux revenus totaux de l’allocataire concerné ». Elle propose donc de baisser leur indemnité en fonction de l’activité conservée.

Ces très hauts fonctionnaires, très bien payés, n’hésitent donc pas à brandir des menaces contre des femmes qui, en moyenne, gagnent 3,40 euros net par enfant et par heure et vivent avec moins que le smic pour des journées de douze heures !

Ils n’hésitent pas non plus à traquer aussi d’autres prétendues stratégies d’optimisation, non dans les paradis fiscaux, mais chez les plus précaires, ceux qui ont enchaîné des contrats courts, de moins d’un mois, voire à partir d’une seule heure par mois. La Cour des comptes concède que ce public vit largement dans la moitié la plus pauvre de la population, et même à 40 % sous le seuil de pauvreté. Mais c’est encore manifestement trop pour ces conseillers, qui déclarent : « Les règles d’indemnisation demeurent trop favorables aux contrats de moins d’un mois. »

Avant même la publication de cette note, le gouvernement s’est empressé de préconiser par exemple le durcissement des conditions d’attribution pour ceux qui enchaînent périodes de travail et chômage. Actuellement, il faut 150 heures pour prolonger ses droits à l’assurance chômage, le gouvernement envisage de porter cette limite à 300 heures. Cela se traduirait par une arrivée en fin de droits bien plus rapide, ou carrément par l’impossibilité d’ouvrir des droits à indemnisation. En clair, la plongée dans la misère de nombreux travailleurs précaires. Le gouvernement en attend plus d’un milliard d’économies, alors que seule la moitié des 6,2 millions de demandeurs d’emploi sont actuellement indemnisés.

La recherche de profit du patronat est entièrement responsable de l’explosion des contrats courts et du chômage total ou partiel qui frappe des millions de travailleurs. Le gouvernement avait fait mine d’évoquer, dans les négociations d’assurance chômage, l’instauration d’un timide bonus-malus pour les entreprises, avant que le patronat ne refuse et claque la porte. Mais le bonus-malus qu’il instaure, c’est bonus pour le patronat et malus pour les chômeurs.

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