Fonderies du Poitou : patrons voyous, le retour05/12/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/12/2627.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies du Poitou : patrons voyous, le retour

Depuis des mois, des menaces sur l’emploi pèsent sur ces deux fonderies d’Ingrandes-sur-Vienne dédiées à la production de pièces automobiles.

L’une des deux fonderies, la Fonte, a annoncé en octobre la suppression de 103 emplois, prétextant la baisse des commandes de moteurs diesel.

L’autre, l’Alu, dépend du groupe Saint-Jean-Industries basé près de Lyon et produit des pièces en aluminium exclusivement pour Renault, dont les commandes diminuaient aussi régulièrement.

Après des mois d’inquiétude des salariés de l’Alu, le 27 novembre, le PDG de Saint-Jean s’est déplacé à l’usine pour annoncer la mise de l’entreprise en cessation de paiement. Après quoi, il s’est rapidement éclipsé de la réunion extraordinaire du comité social et économique, évitant ainsi d’avoir à s’expliquer auprès des nombreux travailleurs en colère, qui avaient spontanément débrayé dès le passage des délégués dans les ateliers au retour de la réunion.

Le 29 novembre, le tribunal de commerce de Lyon a donc placé Saint-Jean-Industries Poitou en redressement judiciaire, avec une date limite de dépôt des offres de reprise fixée au 28 janvier 2019. Renault a depuis confirmé qu’il soutiendra financièrement Saint-Jean-Industries Poitou lors de la période de transition jusqu’au 15 février 2019, sans toutefois préciser le montant de cette aide. Les salaires de novembre seront pris en charge par les AGS (Association pour la gestion du régime d’assurances des créances des salaires) pour les ouvriers en CDI, mais pas pour les 35 derniers intérimaires payés normalement par l’agence Manpower, qui verront leurs contrats éventuellement renouvelés mais ont été pour l’instant renvoyés dès le vendredi suivant l’annonce.

Depuis des mois, les syndicats de l’entreprise multiplient en vain les propositions pour convaincre le patron de Saint-Jean de réduire la dépendance à Renault. Ils espèrent désormais un repreneur qui apporterait un projet solide dans cette optique, ou alors que Renault réintègre les Fonderies au sein du groupe et s’engage à maintenir l’activité en augmentant les volumes de culasses attribuées au site. Toutes choses qui dépendent évidemment de l’intérêt que les actionnaires de ces industriels trouveront à placer leurs capitaux dans les Fonderies, ou du rapport de force que les ouvriers parviendront à imposer pour sauver leurs emplois, car dans les ateliers la colère gronde. Elle s’est largement manifestée à l’occasion de la grève du 29 novembre, avec un rassemblement de plus de 300 ouvriers appelé par les syndicats devant l’usine en présence du secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, venu dans la Vienne à l’occasion des élections dans la fonction publique. Après une opération escargot jusqu’à Châtellerault, un barbecue était organisé devant la mairie, avec le soutien de délégations de gilets jaunes.

Beaucoup évoquaient la grève de deux mois de 2011, contre le patron d’alors, Montupet, et aussi contre Renault, pour sauver les emplois et les salaires des fondeurs. Bien peu croient que le groupe Saint-Jean ou Renault ne seraient pas en mesure de payer le million d’euros des salaires de novembre, alors que le PDG de Renault, Ghosn, pouvait jusqu’à il y a peu se reposer sur des matelas de dizaines de millions d’euros et frauder le fisc.

Des actions sont d’ores et déjà programmées, dont une assemblée lundi 3 décembre, afin d’envisager de passer à la vitesse supérieure. Il faut montrer que les travailleurs n’ont pas l’intention de baisser la garde devant les futurs administrateurs, patrons intérimaires qui ne manqueront pas de tenter de leur réclamer des sacrifices pour séduire les éventuels futurs actionnaires.

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