Canicule, pollution, capitalisme : chaud devant !08/08/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/08/LO2610.jpg.445x577_q85_box-0%2C9%2C200%2C269_crop_detail.jpg

Leur société

Canicule, pollution, capitalisme : chaud devant !

« Nous ne serons pas égaux face à ces phénomènes », signale un climatologue du CNRS en parlant des conséquences du réchauffement climatique et de la vague caniculaire sur l’Europe du Nord. « Les inégalités vont croître encore », ajoute-t-il quant aux décennies à venir.

En tout cas les effets de la canicule se font plus durement sentir sur les plus pauvres et les plus isolés. Face à celle-ci et aux pics de pollution engendrés, les réactions des pouvoirs publics sont bien dérisoires. Établissement d’un plan des zones « rafraîchies » et des points d’eau à Paris, limitation de la vitesse de circulation ou circulation différenciée dans les grandes agglomérations, déluge médiatique d’avertissements, tout est mis en œuvre… au niveau de la parole. Dans la réalité quotidienne, dans les grandes villes du pays, c’est une autre histoire.

Pour les sans-abri, la situation « ordinaire » s’est aggravée. À Paris, plusieurs centaines de familles sans logis se sont installées, avec l’aide de Droit au logement, dans les jardins du Sénat. Car, malgré les alertes des associations, et en dépit de besoins évidents, il y a moins de lits d’hébergement offerts aux personnes sans abri cet été que l’hiver dernier. L’association Aurore dénonce à juste titre le projet étatique de réduire de 58 millions d’euros sur cinq ans le budget des centres d’hébergement.

Devant le manque, beaucoup ne tentent même plus d’appeler le 115. À Strasbourg, on reste en moyenne deux semaines sans abri après quatre jours en hébergement d’urgence. À Nice, une fontaine municipale a même été fermée… Or les fortes températures, comme pour tout un chacun, affectent l’organisme, surtout lorsqu’il est déjà fragilisé. Les difficultés pour se doucher, le port des mêmes vêtements et chaussures, inadaptés au temps, accroissent le risque de maladie, en particulier dermatologique.

Mais même quand on a un toit, l’inégalité saute aux yeux : entre un logement étroit et mal isolé dans un immeuble construit à la va-vite et une maison ancienne, aux murs épais, abritée sous de grands arbres, la différence de température est sensible ! Entre un quartier vert et aéré et les dalles de béton de nombreux quartiers populaires, il y a un monde. Il y en a un, surtout, entre la possibilité qu’ont les uns de week-ends et de vacances et l’alternance forcée de courtes missions et de périodes d’attente. La statistique atteste d’ailleurs que, sur une période de trente ans, deux fois plus de riches que de pauvres ont eu droit aux vacances. La grosse chaleur et la pollution qui s’y attache touchent donc tout le monde, mais entre la Ville d’Hiver d’Arcachon et la ZUP d’Échirolles passe une frontière… de classe.

Quant au pic de pollution, à la surdose d’ozone irritante, ils ne sont que le sommet visible d’une montagne de polluants, à long terme comme les gaz à effet de serre, ou plus immédiats comme les oxydes d’azote et les composés organiques volatils. Générés par le chaos de la société capitaliste, ils menacent de durer autant que lui.

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