Sécurité sociale : l’équilibre financier aux dépens des soins02/11/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/11/p6_Secu_labos_vampires_dessin_Lupo.JPG.420x236_q85_box-0%2C173%2C450%2C427_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : l’équilibre financier aux dépens des soins

Le 2 novembre, les députés devaient voter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2017. C’est le dernier du quinquennat Hollande, mais la même rengaine préside à sa mise en place : celle des économies sur le dos des assurés sociaux.

Illustration - l’équilibre financier aux dépens des soins

Il y a peu, à l’occasion de la présentation du projet à la presse, Marisol Touraine s’était félicitée. « Il y a cinq ans, avait-elle déclaré, la Sécurité sociale perdait 21 milliards d’euros. En 2017, avait-elle poursuivi, le trou de la Sécu aura disparu. » Et de fustiger la politique des gouvernements de droite consistant à « faire payer plus en protégeant moins ». Mais c’est exactement la même politique qui a été conduite par les gouvernements dits de gauche, et c’est la même politique qui s’annonce pour 2017.

Pour parvenir à ce que le gouvernement nomme l’équilibre des comptes, il faudra en 2017 trouver 4 milliards d’euros. Ce n’est pas en puisant dans les profits patronaux, notamment ceux de l’industrie pharmaceutique qui se gave aux dépens de la Sécurité sociale, que la ministre et son gouvernement envisagent de les trouver. Non, c’est en dépensant moins ! Et ils envisagent, entre autres, de nouvelles économies dans les hôpitaux, en multipliant les fermetures de lits et en diminuant la durée du séjour des malades à l’hôpital.

Voilà maintenant plus de vingt ans que, sous le prétexte d’un trou de la Sécurité sociale, en réalité pas si important que cela au regard du budget (près de 500 milliards d’euros) et surtout totalement dû à la baisse ou au défaut des cotisations patronales, l’accès des travailleurs aux soins est de plus en plus difficile. Augmentation du forfait hospitalier, déremboursements et moindres remboursements des médicaments, franchises médicales, diminutions des dépenses hospitalières : les difficultés d’accès aux soins sont telles qu’un nombre de plus en plus grand de malades n’ont d’autre choix que d’y renoncer.

Voilà aussi plus de vingt ans que tous les gouvernements s’attaquent à la retraite de la Sécurité sociale, contraignant les salariés à cotiser, et donc à travailler plus longtemps, pour toucher finalement une pension plus réduite.

Et voilà enfin plus de vingt ans que, sous le prétexte de ce déficit de la Sécurité sociale, salariés, retraités et chômeurs paient cet impôt Sécu qu’est la CSG, la contribution sociale généralisée, inventée en 1991 par le ministre socialiste Michel Rocard. Si son taux était initialement de 1,1 %, la droite le fit passer à 2,4 % en 1993 puis à 3,4 % en 1997 et, un an plus tard, le gouvernement du socialiste Jospin le portait à 7,5 %. Faire payer plus en protégeant moins est bien le leitmotiv tant de la droite que de la gauche. Une baisse du taux de CSG sur les petites retraites, proposée par certains députés PS, n’y change rien. Si elle est votée, elle ne fera que relever un peu le seuil à partir duquel ces petites pensions sont taxées.

Le budget de la Sécurité sociale pour 2017 empruntera le même chemin que les précédents : faire payer les familles populaires pour maintenir les avantages des plus riches.

Partager