Chômage : De l'art de faire parler les chiffres... à la réalité13/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2067.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômage : De l'art de faire parler les chiffres... à la réalité

Chiffre contre chiffre, baisse du chômage contre baisse de popularité, Sarkozy et sa ministre Lagarde se sont jetés sur l'annonce par l'Insee, deux jours avant le premier tour des élections municipales, du taux de chômage du quatrième trimestre de 2007. Il serait tombé à 7,5 %, atteignant son niveau le plus bas depuis vingt-cinq ans, soit 2,1 millions de personnes.

Le ton triomphal de " la très bonne nouvelle " fait tout de même un peu désordre, quelque temps à peine après la publication des chiffres de l'ANPE : la hausse mensuelle du chômage en janvier était de 0,7 %, soit 13 200 personnes supplémentaires sans travail par rapport à décembre 2007.

D'autre part, les chiffres présentés depuis plusieurs années ne tiennent compte que d'une catégorie de chômeurs sur les huit répertoriées par le Bureau international du travail. Ils excluent ceux qui suivent une formation, ne sont pas immédiatement disponibles dans les deux semaines qui viennent, recherchent un emploi à temps partiel, ou à durée déterminée, ou temporaire, excluant surtout ceux qui au cours de la semaine de référence de l'enquête auraient travaillé ne serait-ce qu'une heure ! Cette statistique exclut aussi commodément les malades et les découragés qui ne sont même plus inscrits en " recherche d'emploi ". Par comparaison, en décembre 2007, le nombre total d'inscrits à l'ANPE en métropole était de 3 850 000.

Quant aux emplois créés dont se vante le gouvernement, trois cent mille à l'en croire, ils se situent pour moitié dans le secteur des services à la personne. Plus que nécessaires et loin d'être en nombre suffisant, ces emplois sont la plupart du temps des emplois à temps très partiel, et bien que demandant de grandes compétences, peu reconnus, peu qualifiés et, partant, peu rémunérés. Et plutôt que de créer les dizaines de milliers d'emplois qui seraient nécessaires dans les services de gériatrie et les maisons de retraites, ou auprès des jeunes enfants dans les écoles maternelles, l'État favorise les emplois consistant en quelques heures quotidiennes ou hebdomadaires auprès d'un " particulier employeur ".

En même temps, 110 000 emplois à temps plein ont été supprimés depuis 2006 dans l'industrie, avec ce que cela signifie de pressions à la productivité dans les usines, et d'appauvrissement des gens et même des villes touchées par ces suppressions d'emplois.

Au demeurant, si de nombreux travailleurs doivent se contenter d'un de ces emplois qui ne permettent pas de vivre correctement, l'Insee a fait savoir que près d'un million et demi - soit 5,6 % - des personnes ayant un emploi se déclarent en situation de sous-emploi, ne travaillant qu'à temps partiel ou temporaire.

La mise en scène gouvernementale n'a donc guère de chance de dissimuler la réalité du chômage aux yeux des millions de ses victimes, directes ou indirectes.

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